mercredi 28 mars 2012

Tel Aviv - What else is there?


Plus grande métropole de l’état d’Israël, doucement lovée le long de la côte Méditerranéenne, Tel Aviv est sans conteste la vitrine éclectique et moderne de ce tout jeune état qui fait couler tant d’encre. Loin des conflits qui en ont bien souvent marqués l’histoire, loin de toute idée de politique, une nouvelle génération à la créativité débridée a réussit à faire de cette cité balnéaire l’une des destinations les plus festives et les plus en vogue du moment. Mer azur, sable fin, liberté de mœurs, nuits électriques, tels sont les ingrédients qui ont fait le succès de Tel Aviv, faisant d’elle une bulle d’oxygène au cœur du Moyen Orient. A mi-chemin entre tradition Orientale, et Modernité Occidentale, Tel Aviv surfe sur toutes les vagues. Inaugurant en novembre dernier sa première Fashion Week, parrainée par le couturier italien Roberto Cavalli, elle fut un véritable évènement mode, attirant l’attention des journalistes, magasines et bloggeurs du monde entier. Et pour couvrir cet événement et vous faire découvrir cette toute autre face de Tel Aviv, qui de mieux qu’un jeune homme très « Garçon au Foulard », qui nous raconte au travers d’une journée exceptionnelle, sa ville, ses bons plans, ses coups de cœur. Artiste, styliste photo, Visual Merchandiser ou encore écrivain à ses heures, passionné de mode et de voyage, Rafael Art est un touche-à-tout de talent à l’image de sa ville, et fait, sans conteste, partie intégrante de cette jeune génération qui fait battre le cœur de Tel Aviv. Mais, nous en avons déjà trop dit, éclipsons nous et laissons place à la Tel Aviv de Rafael Art.

 Tel Aviv 

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« Parfois, alors que les jours s’allongent, comme une histoire sans fin, aujourd'hui ressemble en tout point à la veille; parfois, alors que le soleil oriental tombe goutte à goutte sur mon front comme s’il essayait de me rappeler que même si je suis à Tel-Aviv, la ville qui ne dort jamais, je vis dans un pays minuscule qui n’a toujours pas décidé de son avenir. Parfois, quand les jours comme ceux-ci se suivent, je perds toute inspiration et tout désir de créer. Quand soudain, un moment magique, un instant que tout artiste connaît sans doute. J'allume la radio au moment précis ou passe Stairway to Heaven de Led Zeppelin, premier album que j'ai acheté de ma vie. J'ouvre le journal et tombe sur un article à propos de Vincent Van Gogh et sa "Nuit étoilée" qui colore mes yeux de jaune et de bleu. Je feuillète le dernier numéro du Vogue français et passe par toutes les œuvres de photographes de légende. Moment de grâce.

© Rafael Art

La vie à Tel-Aviv est un mélange du stress habituel du Moyen-Orient et de la liberté de la ville la plus ouverte de cette région du monde. Styliste, window designer, ayant voyagé souvent et travaillé en Europe, je peux vous assurer que la vie à Tel-Aviv pour un jeune homme qui deal avec la Mode est incroyable. Laissez-moi vous emporter une nuit avec moi, une nuit passée, avec un jeune styliste de 25 ans, qui veut juste créer dans un mode artistique et pacifique.

© Rafael Art

Nous allons commencer cette délicieuse soirée au restaurant du très en vue "Montefiore Hotel». L’établissement, boutique hôtel, situé dans la rue du même nom, est installé dans une ancienne maison particulière des années 20 au cœur de la « Ville Blanche » de Tel Aviv connue notamment pour son architecture Bauhaus.

© Hotel Montefiore

Dès mon entrée, Hagi, le responsable, vient à moi, me débarrasse de mon manteau, me laissant le temps de découvrir l'élégant bar noir et crème, le plancher et les murs, me rappelant indéniablement les cadres nostalgiques des années 1920.
Hagi me demande où j’aimerais m’installer, je lui réponds aussitôt : «Là, où un homme aimerait déguster une coupe de champagne accompagné de sa cigarette". Hagi me sourit et me conduit dans une autre pièce dont les murs sont tapissés de centaines de livres rangés sur des étagères en bois. Un lustre étonnant pend du plafond. Sourire. La bibliothèque fait partie intégrante du restaurant, mieux encore elle en est le fumoir. Au menu, fusion Food alliant saveurs orientales, asiatiques et européennes.

© Hotel Montefiore

Une coupe de champagne accompagné de pain doux et chaud avec du beurre plus tard, je comprends que ce dîner va être inoubliable.

Pour commencer, une salade d'endives, délicieuse alchimie de Roquefort, de noix caramélisées, de poires et d’endives ; mélange de goûts, sucrés et salés, me conduit avec légèreté au plat suivant.

Hagi  ensuite apporte ensuite quelques délicieux Nems accompagnés d’une étonnante sauce aigre-douce. Le plat me laisse un insaisissable goût sucré-piquant en bouche. 

Je continue avec un filet de bœuf qui arrive bleu accompagné d’une sauce au citron qui le rend bien plus intéressant, tel une explosion de saveurs. La viande est accompagnée d’une polenta à base de maïs, de crème, de beurre, de vin blanc et de champignons. Parfait.

Puis, Hagi nous sert le désert : un doux Limoncello à base de crème fouettée et de citron. Merveilleusement estival, ce dessert au milieu de l'hiver me rappelle que dans une heure, je dois assister à l'événement le plus attendu du moment : la première Fashion Week de Tel Aviv !

Je remet mon manteau et j’attrape un taxi, à la radio, Freddy entonne Show must go on.  Yeah.

La Fashion Week de  Tel-Aviv se déroule à la Tahana / la Station, ancienne gare ferroviaire reconvertie, située dans le nouveau quartier In du Sud de Tel Aviv, Neve Tsedek. Les ruelles qui courent entre les maisons de pierre rénovées, sont pleines de yuppies et cafés branchés.

J’arrive à la gare, l'endroit est bondé. Veste de smoking noir agrémentée de quelques plumes sur les épaules, jeans skinny en cuir et mocassins en velours noir, me voici fin prêt et dès mon arrivée, je rencontre Tal Berman,  la responsable de l'organisation de cette semaine de la mode, et qui nous installe au premier rang. Tal, comme le reste du personnel, est bénévole pour cet événement. Peut-être est-ce cela qui explique l'atmosphère enthousiaste que tout le monde ressent pour cette première édition de la Fashion Week de Tel Aviv : comme une petite famille qui veut tout faire pour jouer dans la cour de récréation des caïds de l’industrie.

«Nous avons de nombreux journalistes et bloggeurs qui sont venu de l'étranger et qui ont payé leurs billets et leurs hôtels, juste pour faire partie de l'événement ". Malheureusement, la plus grande star de la semaine n'est pas israélienne. Quelques indices: Paillettes, Imprimés et Jet Set : Roberto Cavalli est la star de la semaine. La médiatisation faite autour de sa présence est incroyable et a permit de mettre cet événement en avant dans le monde entier, mais a aussi un peu volé la vedette de talentueux et ambitieux jeunes créateurs de Tel Aviv.

© Roberto Cavalli

Tels Yaniv Parsi, qui a fait une collection totalement noire avec des détails inspirés de ses deux derniers maitres : Alber Elbaz et John Galliano. I

Ishtar, traduisant sa mode empreinte de folklorisme au travers de tissus vintage et de motifs tribaux. Les mannequins défilant nus pied, les têtes ceintes de bijoux, sur un dégradé de couleurs allant des poudres au sable.

© Ishtar 

Ou encore la magnifique collection d'été d'Alon Livne, grand vainqueur de la version israélienne de « Project Runway » mais qui a aussi fait ses preuves auprès d’Alexander McQueen ou Roberto Cavalli. Esprit Romantique, alliant dentelles victoriennes, plumes, satin et découpes modernes.

© Alon Livne

Même si elle est plus petite que celles de Paris ou de Londres, même si les collections ont été sans doute moins dramatiques, moins grandioses, il y avait quelque chose de magique dans l'air de Tel Aviv. L'odeur d'une nouvelle génération, préférant le crépitement des flashs à celle d’une triste austérité ; qui se tourne vers un prochain avenir plutôt que vers un lointain passé. Et comme Anna le dit d’ailleurs si bien «  La mode ce n’est pas regarder en arrière, c’est toujours aller de l’avant ! ».

Il est presque 23 heures et la soirée ne fait que de commencer !

Mes amis et moi décidons de nous rendre au «Zizi», un club underground, qui fête ce soir là l’anniversaire de la PAG. La "PAG" est née il y a 8 ans dans une petite boîte de nuit de Tel Aviv, sur l’initiative de deux photographes visionnaires, Eitan Tal et Roy Raz, qui voulaient apporter à Tel Aviv, la folie de Berlin, la musique électro de New York et la mode de Paris. Et c’est sans doute chose faite, la PAG est devenue au fil des années, l’une des soirées les plus branchées de Tel Aviv.

© PAG

© PAG

© PAG

C’est d’ailleurs ici que ce croise tout ce petit monde de la mode en effervescence ; stylistes, mannequins, tenues spectaculaires et beaux garçons. Vers deux heures du matin, l’un de mes morceaux favoris passe What else is there? De Royksopp. L’alcool, l’énergie engendrée par cet évènement, les tenues extravagantes, la pénombre du club, tout ces jeunes gens dansant, tout cela mélangé dans une belle harmonie, me rappelle toute comme la chanson de Led Zeppelin et les toiles de Van Gogh, que nous sommes ici pour créer. Nous sommes ici pour faire du mieux que nous pouvons dans cette courte vie. Parce qu'en plus de notre art, en plus de nos âmes, «What else is there»?... »

Rafael Art pour Les Garçons aux Foulards

lundi 19 mars 2012

Ôde à la féminité - Paolo Corona - Collection 1


Douce et légère parenthèse dans notre périple Mode spécial Fashion Week, c’est avec beaucoup de plaisir que nous avons eu la chance d’assister début mars, au premier défilé parisien Paolo Corona. Paolo Corona, vous vous en souvenez sans doute, est le jeune et talentueux créateur que nous avions rencontré il y a quelques mois lors du lancement de sa Collection 0, alliant 4 sublimes pièces de Haute Couture et déclinaisons Prêt-à-Porter aux lignes fluides et féminines. Pour ce nouvel opus, loin des ateliers de la rue Danielle Casanova, Paolo Corona nous a fait traverser la Seine, et c’est Rive Gauche, plus exactement rue de Sèvres, dans le cadre élégant et intime d’un salon parisien qu’il a présenté sa nouvelle collection pour l’automne-hiver 2012/13.

 © Les Garçons aux Foulards

© Les Garçons aux Foulards


Véritable mutation stylistique, les quelques modèles de Haute Couture présentés pour la première fois au mois d’octobre dernier se sont transformés en une réelle garde-robe riche et raffinée.

© Les Garçons aux Foulards

© Les Garçons aux Foulards

Volumes années 60, robes de jour et de soir, ensemble blouses amples et jupes taille haute, capes en draps de laine, doublées de soie imprimée, ceinturées en référence à l’élégance mythique des femmes des années 50, modèles réversibles aux coutures cachées qu’il est possible de porter dans leurs versions unies ou imprimées ; Paolo Corona revisite pour l’hiver prochain tous les classiques d’une garde robe féminine en y apportant sa sensibilité méditerranéenne et son savoir faire issue du monde de la Couture.

© Les Garçons aux Foulards

© Les Garçons aux Foulards


Jeux de découpes, de plissés, de trompes l’œil, voiles de soie cachant ou découvrant sensuellement un bras, une épaule, un dos, une jambe, la collection Paolo Corona, véritable Ôde à la Féminité, se définit, à l’image de son créateur, par la notion de sensibilité et de délicatesse.

© Les Garçons aux Foulards
© Les Garçons aux Foulards

© Les Garçons aux Foulards

La Sardaigne, thématique chère à Paolo Corona, déjà présente lors de sa première collection, plus canalisée, sert de fil conducteur à la collection. Dégradés de beiges rosés, de violets, de poudres, de roses, illuminés de rouge intense ; le colorama rappelle celui des fleurs des bosquets Sardes. L’imprimé exclusif, conçu pour la collection, graphique, quasi anamorphique, fait référence aux lichens colorés prenant vie sur les roches Sardes, se décline sur fond noir, mauve et or – sublime.

© Les Garçons aux Foulards

© Les Garçons aux Foulards

Les coiffes traditionnelles des femmes Sardes sont également revisitées. Elément indispensable de la silhouette de cet hiver, elles sont retravaillées, épurées, synthétisées jusqu’à l’essence de la forme. Déclinées en agneau plongé plissé, doublées de mousseline de soie, en fourrure,  ou en lainage ; elles radicalisent incontestablement le look.

© Les Garçons aux Foulards

© Les Garçons aux Foulards - Backstage

Dernier détail très Couture, les boutons, sculptés dans du bois de Genévrier, arbre emblématique de la Sardaigne, finissent les modèles et s’attachent façon manchette.  

Enfin, passage inévitable d’une collection réussie, la mariée, songe de pureté, légère et raffinée, clôt le défilé. Bustier de soie plissée, jeu d’opacité et de transparence, voile de soie brodée main de cristaux Swarovski, Paolo Corona prouve de façon magistrale et spectaculaire son amour de la Couture.

© Les Garçons aux Foulards
© Les Garçons aux Foulards

© Les Garçons aux Foulards
© Les Garçons aux Foulards

Un moment hors du temps, que l’on aurait aimé quasi sans fin. C’est aussi cela la beauté des défilés ; leur côté éphémère, rapide, quasi impalpable. Photographies mentales que l’on conserve précieusement dans un coin de son esprit et qui nous rappelle, jour après jour, à quel point le talent créatif de rares personnes a la faculté de rendre notre monde sensiblement plus beau !

© Les Garçons aux Foulards


A.

samedi 17 mars 2012

Scoop Mode : Enfin un Directeur Artistique chez Dior !

Voilà une année, quasiment jour pour jour, que le monde de la Mode s’arrêtait, pétrifié de stupeur, après l’annonce du licenciement quasi instantané du Directeur Artistique de la maison Christian Dior, John Galliano, après ses propos antisémites fortement alcoolisés ; et voici déjà un an que les rumeurs n’ont jamais cessées de circuler quant à l’éventuelle succession de l’une des marques de luxe les plus emblématiques. Marc Jacobs, Riccardo Tisci, Raf Simons, Hussein Chalayan, Phoebe Philo, Alber Elbaz, Hedi Slimane, Haider Ackermann et bien d’autres ont été cités, sans pour autant jamais être validés par la direction de la marque au cannage. Et rien n’a réellement bougé depuis, les collections s’enchainant, avec plus ou moins de succès avec un studio dirigé par un Bill Gayten orienté vers un sage classicisme. Jusqu’au jour où, au détour de quelques conversations anodines, Les Garçons aux Foulards ont menés l’enquête et vous servent sur un foulard d’argent la réponse à cette question quasi énigmatique.

Mais avant toute chose, arrêtons nous un instant et réfléchissons aux répercussions de tout ceci. Loin de toute spéculation mal placée, une décision de cette envergure ne se prend pas à la légère, ni pour la marque monogrammée aux multi centaines de millions d’euros de chiffre d’affaire, ni pour le créateur qui devra porter sur ses épaules l’image de l’un des fleurons du luxe français ! Alors, lequel des styliste cités ci-dessus a le plus sa chance de briguer CE poste si craint et si convoité ?

Parmi les premiers à avoir été pressenti pour ce poste, le génie sombre de la couture, styliste de la maison Givenchy, Riccardo Tisci, en collaboration étroite avec sa muse, Carine Roitfeld, a fait couler beaucoup d’encre au mois de mars et d’avril dernier. Personnalité très forte au style clairement définit, le tempérament peu canalisable du créateur italien semblait assez peu convenir aux salons mouluré gris perle Christian Dior. Et l’esprit Romantico-Gothique influencé de références religieuses si cher à Riccardo se marie difficilement avec l’esprit Couture New Look de l’avenue Montaigne. Enfin, loin de toute considération stylistique, et en réfléchissant purement de façon stratégique, l’idée du transfert interne (LVMH) du jeune prodige qui a su, à coup de cuir noir et de studs, réveiller et remettre sur les devants de la scène mode la belle endormie de l’avenue Georges V, qui était la maison Givenchy, au risque de refaire tomber la marque dans une nouvelle période de flottement créatif semblait peu probable.

Riccardo Tisci

Il en va de même pour la talentueuse Phoebe Philo, nouvelle recrue du groupe LVMH, qui a su en l’espace d’une collection, refaire grimper la maison Céline dans la liste des it marques les plus désirables du moment. Coupes simples chicissimes, lignes épurées, références au monde du streetwear, et caractère bien trempé de Miss Philo parmi les plus indépendants de cet univers ; autant de raisons de penser que la direction Christian Dior ne prendrait pas le risque de propulser cet électron libre à la tête des collections prêt-à-porter femme et Haute Couture.

Phoebe Philo


Notion de risque calculé au plus faible qui nous donne logiquement à penser que le choix des très pointus Hussein Chalayan, Raf Simons ou encore Haider Ackermann sont peu probable. En effet, la notoriété de ces trois talentueuses personnalités dans le milieu, et leur incroyable capacité à réinventer et à conceptualiser un vestiaire souvent bien trop classique, leurs partis pris créatifs forts, jouent sans doute en leur défaveur dans un contexte Mode assez classique ou les grands groupes misent d’avantage sur la sécurité que sur la créativité. De façon personnelle, nous pencherions c’est certain pour l’un de ces trois là, chacun ayant son talent, ses spécificités ; du minimalisme radical de Raf Simons, à la recherche à l’élégance masculine-féminine d’Haider Ackermann en passant par les recherches couture d’Hussein Chalayan, mais tous « pêchent » sans doute par leur avant-garde créative.

Haider Ackermann


Inversement, l’une des personnalités Mode les plus médiatiques du moment, Marc Jacobs, semblait être l’élu. Collections créatives, mais à l’esprit toujours commerciale, capacité d’innovation, alliant références culturelles, historiques, défilés évènements faisant courir le tout Paris et le tout New York, mais aussi Art de la Communication façon Star Système font du designer américain, le mix gagnant, le créateur idéal pour prendre en main les rennes d’une maison emblématique alliant Histoire et Glamour. Un hic de taille cependant, Marc Jacobs occupe le poste de Directeur Artistique du cheval de bataille du groupe LVMH : Louis Vuitton. Ayant eu le talent de dépoussiérer le classique monogramme LV à coup de Tags fluo, de cuirs vernis et de couleurs et de dessins résolument « Kawai », et d’en faire ainsi la marque de « luxe » la plus rentable et la plus connue au monde ; prendre le risque de détraquer la machine à cash du groupe semblait assez faible, d’autant que le prêt-à-porter de celle-ci commence à peine à attirer l’attention sur lui. De plus, l’appétit très gourmand de Marc Jacobs en terme de rémunération, aurait également refroidit les dirigeants de Dior d’après ce que l’on en dit !

Marc Jacobs


Qui nous reste-t-il donc ? Hedi Slimane ? Son départ volontaire il y a quelques années de Dior Homme, laissait peu de place à cette éventualité et sa très belle nomination à la tête de la Direction Artistique d’ Yves Saint Laurent finit de clore le débat sur son cas.

Reste donc une possibilité, trop rapidement oubliée, celle du chouchou de la presse mode et des riches clientes du Faubourg Saint Honoré, Alber Elbaz. Directeur Artistique, de la plus ancienne maison de couture française, Lanvin, il vient d’ailleurs d’y fêter ses 10 ans de création lors d’un défilé évènement lors de la Fashion Week Parisienne de mars, faisant une nouvelle fois preuve de son talent créatif et de sa faculté à réinventer l’élégante femme Lanvin tout en respectant les codes qu’il a su mettre en place et conserver, saison après saison. Esprit toujours Couture, mais revisité, importance de l’univers, des accessoires, des défilés, des campagnes publicitaires qu’il supervise et qui frisent les photographies Arty, le parallèle semble tellement évident avec Christian Dior qu’il est impossible de ne pas le remarquer. D’ailleurs, il y a déjà quelques années, en 2009, les bruits de couloir spéculaient sur son éventuel départ ; départ qui semblerait à présent logique, une fois le grand événement des 10 ans passés et surtout une fois que le contrat qui l’attachait à Lanvin allait se terminer. Rappelons que le dit contrat vient de se terminer avec la collection présentée en mars ; ce qui expliquerait ainsi la logique du silence de Christian Dior durant une année attendant la fin du contrat de Mr Elbaz pour pouvoir finaliser les négociations !

Alber Elbaz


Par ailleurs, de façon sûre et certaine, pour la première fois, Christian Dior a communiqué, de façon discrète cependant et essentiellement en interne, sur la finalisation des négociations avec un nouveau Directeur Artistique qui devrait ainsi proposer une collection dès la saison prochaine !
En parallèle de cela, une de nos sources, proche du dossier, nous a confirmé l’existence de négociations entre la marque française et le styliste d’origine marocaine et israélienne Alber Elbaz ! Qui seraient justement en voie de finalisation…

Ainsi l'équation Alber Elbaz + Christian Dior serait-elle = à Dior 2.0 ?

Difficile d’en être totalement sur, c’est certain, cependant, notre intuition ne permet aucun doute et parole de Garçon aux Foulard, il y a peu de chance de nous nous trompions ! Ainsi Christian Dior aura un nouveau Directeur Artistique avant la prochaine Fashion Week et  le résonnement le plus logique nous conduit vers la piste Alber Elbaz ! Réponse officielle de la part de Christian Dior dans quelques jours, quelques semaines, ou bien quelques mois… d’ici là, encore un peu de suspens !

A. 

dimanche 11 mars 2012

Combat de Géants sur le Catwalk!

Clap de fin, après plus d’une semaine intensive, la Fashion Week tire sa révérence, le temps d’une courte pause jusqu’à la prochaine saison. Paris, c’est plus de 8O défilés, une quinzaine de présentations off, des créateurs over stressés, des attachés de presse déchainées, des centaines de mannequins russophone affamées, une armée de stagiaires épuisés, des journalistes modes aux aguets et une ribambelle de bloggeurs surexcités. Mais aussi de la Mode, de la Mode, de la Mode !!! Et, au milieu de tout cela, quelques géants, faisant s’arrêter le cours de la planète mode, le temps de 15 minutes de show époustouflant. Car, bien plus que de mode, il est presque question de magie, d’une belle et incroyable parenthèse dans le quotidien de la création d’une collection, de sa production ou de sa commercialisation ; le temps s’arrête, comme suspendu, et le rêve prend vie. Ces géants, connus de tous, des steppes Kazakhs peuplées de richissimes oligarques aux jeunes princesses Brésiliennes squattant les Penthouses surprotégés de Sao Paulo, répondent aux doux noms de Chanel, Dior, Louis Vuitton ou encore Hermès. Marques globales, présentes aux quatre coins du Monde, avec des chiffres d’affaire annuels dépassant de loin le PIB de nombreux pays ; elles n’hésitent pas à débourser des millions pour l’organisation de véritables spectacles ayant comme objectif de montrer leur toute puissance.

Premier de ces géants a avoir défiés les podiums parisiens, Christian Dior, et son sage New Look que le designer par intérim Bill Gayten tâche de faire revivre à coups de bibi en mohair, de vestes Bar en tweed pastel et d’immenses jupons en gaze de soie ou en tulle plissée. Loin des salons dorées de l’avenue Montaigne, le femme Dior s’accoquine gentiment sur les hauteurs d’un Montmartre fantasmé. Peu farouche, elle porte pour son gala de danse de fin d’année de jolies robes longues en soie soulignant la taille, et allongeant de façon interminable une silhouette sculptée après des mois passés à travailler ses cours de barre au sol.

Christian Dior FW/12
Christian Dior FW/12

Niveau spectacle, le podium, gris perlé, loin des fastes des scènes de l’opéra Garnier, épuré à son maximum, illuminé de néons, nous rappelle indéniablement par contraste, les heures de gloire des fastueux défilés orchestrés d’une main de maître par le génie d’un John Galliano. Le maître n’est plus, et depuis, la belle semble endormie dans un nuage de soie poudre, attendant, sagement, qu’un futur Directeur Artistique Charmant vienne la réveiller d’un baiser de sa lente torpeur…

Christian Dior FW/12
Christian Dior FW/12

Loin de son siège mythique de la rue du Faubourg Saint Honoré, la très luxueuse et très discrète maison Hermès, nous entraine comme toujours à la suivre dans un incroyable voyage, avec cette saison, une destination exotique et lointaine dans l’hémisphère sud. Des plaines infinies de la Patagonie, aux contreforts abruptes Andains, la femme Hermès, prise en main depuis quelques saisons par le talentueux Christophe Lemaire, loin de tout folklore mal placé, n’a conservé de son périple latino-américain que l’essentiel : un vestiaire de cuir (sublime) porté en total look ou mixé avec des pièces de laine et de cachemire. Des formes capes, des jodhpurs, des pantalons amples et des chapeaux à larges bord, tout droit sortis de la garde robe rêvée d’un gaucho idéalisé : chicissime. Une palette de couleurs déclinée en noirs brillants, gris sourds et marrons profonds mettant en exergue la beauté de la matière cuir, iconique de la maison parisienne.

Hermès FW/12
Hermès FW/12

Fidèle à l’image de la maison, le défilé, à l’élégante sobriété, prend vie dans les salons de l’Ecole Nationale des Beaux Arts. Le podium, épuré à son extrême, se résume en une toile noire, brute, intense, faisant écho à la dureté d’une nature sauvage dans laquelle nous sommes téléportés le temps (toujours trop court) d’un très beau défilé.

Hermès FW/12
Hermès FW/12

Star incontestée des podiums, Karl Lagerfeld s’est approprié une fois de plus la Nef principale du Grand Palais pour y montrer le nouvel imaginaire lunaire de la maison Chanel. Show parmi les plus attendus chaque saison, le défilé Chanel nous fait voyager bien plus loin qu’à l’accoutumée. Après une séjour glacial au Pôle Nord, après l’exploration des fonds marins ou encore le cockpit de la « Chanel Airlines Company » lors de la Couture en janvier, Karl Lagerfeld, non content de régner en maître sur le monde de la Mode, a décidé de faire explorer de nouveaux territoires à la femme Chanel. Inspirée du célèbre roman de Jules Verne, « De la Terre à la Lune », la collection, déclinée en une gamme de couleurs allant du gris lunaire au noir cosmique, en passant par l’argent mâte et le doré solaire ; les modèles de vestes et de robes de soir en tweed, les jupes en dentelles sont rebrodés de pierreries couleur onyx. Brillant.

Chanel FW/12

Chanel FW/12
Chanel FW/12


Le décor,  forcement incroyable et forcement grandiose, de par le cadre et les volumes du Grand Palais, reconstitue un paysage lunaire fantasmé, tout droit sorti d’une gravure du 19ème siècle. Les immenses cristaux violets, gris et blanc, tombés après une pluie intergalactique, n’y font rien ; la formule attendue « grand spectacle à gros budget au Grand Palais » ne convainc plus beaucoup. Et c’est d’ailleurs bien dommage, car ce qui était auparavant un véritable happening, devient au fil des saisons une habitude déclinée plutôt qu’une véritable innovation. Voyons ce que nous réserve Mr Lagerfeld pour les prochaines saisons, en espérant que fantaisie et changement seront au rendez-vous.

Chanel FW/12
Chanel FW/12


Chanel FW/12

Dernier de nos quatre géants à avoir défilé lors de cette Fashion Week de mars, le richissime malletier Louis Vuitton et son directeur artistique Marc Jacobs ont fait les choses en grand, en reconstituant à l’échelle, dans la cours carré du Louvre, le quai du mythique train Orient Express. Ode sublime au voyage, Marc Jacobs nous fait non seulement voyager dans l’espace, mais également dans le temps. Après les pastels 50’s et autres couleurs très « Candy » de la collection été, nous retournons pour l’hiver prochain un peu plus dans le passé, en faisant escale dans le style suranné des élégantes femme du début du siècle. Manteaux de voyages aux volumes exagérés, indispensables chapeaux mous, cols ronds, boutons bijoux taille XXL, empiècements de cuir, total looks en brocart gold ou en imprimés esprit 60’s, la femme Louis Vuitton ose et en impose.




Louis Vuitton FW/12
Louis Vuitton FW/12


Louis Vuitton FW/12

Coté show, le spectacle est au rendez-vous. Immense horloge aux armes de Louis Vuitton, émouvante locomotive à vapeur nous plongeant dans nos classique d’Agatha Christie, tenues parfois improbables mais au parti pris stylistique forts et surtout l’idée incroyable de cette collection, une armée de groom en habit, portant les sacs et autres bagages de nos élégantes Lady.  Première source de revenue du navire amirale LVMH, les sacs, produits historiques et emblématiques, ont toujours été intégrés aux défilés Louis Vuitton afin de faire partie intégrante du look de la saison et devenir ainsi des objets de désir. L’idée de Marc Jacobs a cela de géniale commercialement qu’elle démultiplie le nombre de modèles de sacs vus sur le catwalk. La plus part du temps deux, parfois trois, ils sont tous différents et force est de constater qu’ils sont ultra-désirables. De la sublime boîte à chapeau en crocodile orange ou rouge, aux nouveaux bostons recouverts de chèvre à poil long, en passant par les versions des classiques monogrammées brodés, strassés ou encore les doctor bag en veau glacé, on les veut tous ! Colorés et précieux, mis en exergue par le jeu de contraste des tenues uniformément noires des grooms, les sacs volent la vedette aux mannequins et presque aux tenues. On ne voit qu’eux, on n’est intéressé que par eux, curieux et impatient de découvrir les prochains modèles du défilé. 


Louis Vuitton FW/12

Louis Vuitton FW/12

Louis Vuitton FW/12

Louis Vuitton FW/12

Pari réussit donc pour le géant de la maroquinerie qui a su concilier avec intelligence et style, une réalité commerciale indéniable et une silhouette emblématique et fantasmée. Un grand bravo Mr Jacobs !

A.