lundi 8 octobre 2012

Paris Fashion Week SS/13 – Nos Coups de Cœur – Part 1


Après la Fashion Week de New York sous le signe du Graffic, après la très irisée/métallisée Fashion Week de Londres et la quasi inintéressante cession Milanaise, s’est enfin terminé après près de 10 jours de défilés non stop, la très attendue Fashion Week Parisienne. Duel YSL/Dior des plus attendus, griffes institutionnelles du luxe globalisé ou jeunes créateurs prometteurs, tous ont donné leur vision de la Femme Printemps/Eté 2012, et force est de conclure ce nouvel opus Fashion par un jugement en demi teinte… Heureusement certains créateurs nous ont émerveillés jour après jour par leur défilés mettant en avant une féminité moderne, fraiche ou totalement exubérante et mettant aussi en avant certaines tendances phares de l’été prochain. Compte rendu journalier de nos Coups de Cœur Mode !

Mardi 25 Septembre 

Blanc immaculé, optique, versus total look rouge sanguin, lignes épurées et imprimé graphique, le créateur belge Cédric Charlier,  ancien Directeur Artistique de Cacharel et nouveau poulain de l’écurie Aeffe, ouvre la course des défilés avec un sans faute stylistique en ce premier jour de Fashion Week. Confirmant certains éléments qui font sa signature depuis son premier défilé en mars - coupes au scalpel, références à l’univers du sport par la présence de zip volontairement visibles et imprimé Arty ; on aime particulièrement les jeux de transparence sur la maille, les pantalons amples et t-shirt loose en soie et l’imprimé « Dripping » à la Pollock donnant aux robes de cocktails ou aux tenues de jour un esprit arty-chic indéniable.
© Cédric Charlier SS13
© Cédric Charlier SS13

© Cédric Charlier SS13
© Cédric Charlier SS13

Autre défilé, autre Belge faisant partie de cette nouvelle génération de talent, le vainqueur du prestigieux festival d’Hyères en 2006, Anthony Vaccarello crée une fois de plus le vestiaire d’une femme forte et sexy. Ultra féminine et sûre d’elle, la femme Anthony Vaccarello avance vêtue de vestes épaulées à doubles boutonnages inspirées du vestiaires masculin portées sur des jupes à la longueur mini. Blanc contrasté de noir et de lamé, coupes strictes contrebalancées par la fluidité des matières, imprimé façon trompe l’œil animalier ; jeux de découpes et plissés parfaitement maitrisées, Anthony Vaccarello propose une silhouette toujours aussi féminine mais sans doute plus « portable » que lors des saisons précédentes. Pantalons larges à doubles pince, ou encore chemises loose avec des détails de zip, la femme Vaccarello, consciente de son pouvoir, use d’arguments sans doute moins extrêmes pour en jouer, et pour nous subjuguer.

© Anthony Vaccarello SS13
© Anthony Vaccarello SS13

© Anthony Vaccarello SS13
© Anthony Vaccarello SS13

Mercredi 26 Septembre 

Autre créateur Belge de talent (décidément ! il doit y avoir quelque chose de spécial au « Pays plat qui est le mien »), Dries Van Noten prouve une nouvelle fois son incroyable génie de conteur d’histoire et de magicien de la Mode. Associant comme personne références et styles, il réussit le paris audacieux de mixer pour l’été prochain sur une même silhouette masculin, féminin, Tailoring, broderies, jeux de transparence et imprimés graphiques ! Et ça fonctionne. Jupe crayon longueur genoux brodée main chicissime en mousseline de soie noire, portée avec une blouse trompe l’œil double boutonnage à carreaux en organza transparent, Dries Van Noten casse les codes et propose sa version du soir, faussement décontractée, subtilement raffinée. Esprit année 40, histoire de voyage, parfums d’Asie, la femme Dries mélange les styles et porte négligemment un kimono en soie sur une tenue de jour, un manteau de mi-saison sans manche sur un pantalon croppé d’homme et associe différents imprimés à carreaux sur un camaïeux de matières naturelles riches – soie, coton, laine, rehaussé par une ceinture de smoking en satin noir et une pochette en veau glacée, l’allure est juste, élégante tout en étant faussement décontractée – on aime.

© Dries Van Noten SS13
© Dries Van Noten SS13

© Dries Van Noten SS13

Jeudi 27 Septembre 

Défilé coup de cœur absolu de cette Fashion Week, Alber Elbaz, directeur artistique de la plus ancienne Maison de Mode française, Lanvin, réalise un exercice de style parfait. Le Smoking, pièce emblématique d’une garde robe masculine raffinée, offert par Mr Yves Saint Laurent aux femmes dans les années 60, est revisité sous toutes ces coutures par Albert Elbaz. Veste « croppée » pour une silhouette rock et moderne, grands revers en satin sur des cols coupés droits, pantalons taille hautes portés avec des talons vertigineux pour allonger la silhouette et donner encore plus de force et d’allure à des tenues qui n’en manquent déjà pas. Métaphore filée du Tuxedo tout au long du défilé en mettant en avant sur chaque tenue une facette différente de celui-ci. Cols châles, contrastes du blanc et du noir, ceintures smoking revisitées en métal, en cuir ou parfois rebrodées de sequins, robes cocktail travaillées en satin duchesse, spencer déstructuré en cuir qui se transforme en top, ou combinaisons pantalon asymétriques aux volumes exagérés entièrement rebrodées de sequins, chaque tenues est transcendée d’une aura luxueuse et terriblement élégante – on adore tout simplement.

© Lanvin SS13
© Lanvin SS13

© Lanvin SS13
© Lanvin SS13

Vendredi 28 Septembre 

Voyage temporel chez Roland Mouret, le créateur français nous transporte dans le monde de la nuit parisienne des années 80. Inspiré par l’exubérance du Palace, version parisienne du mythique Studio 54 New-Yorkais, Roland Mouret n’aura retenu de cette décennie au style parfois controversé, que le meilleur, à savoir la structure.  « Je revisité mes années 80 » dit Roland Mouret à propos de sa collection, « J’étais jeune, je m’amusais, nous vivions en groupe. La réalité du quotidien était sombre mais les nuits étaient pleines de lumière. ». Palette de laines et de soie claires rehaussée, contrastée de noir et présence de cuir, forcément, en référence à l’une des matières emblématique de cette période ; la structure des vestes, aux carrures épaulées, mais aux longueurs « croppées », la structure des pantalons à pinces aux références masculines et des combinaisons tailles hautes portées sur de hauts talons, la structure enfin des tops aux plis en trompe l’œil parfaitement placés, créent des jeux de construction architecturés digne de ce maître du Tailoring dont les coupes sont réputées pour les précisions – très bel exercice.

© Roland Mouret SS13

© Roland Mouret SS13
© Roland Mouret SS13
© Roland Mouret SS13


Autre moment fort de cette journée attendu par les journalistes, acheteurs et Fashionistas du monde entier, le premier défilé Prêt-à-Porter de Raf Simons pour Dior. Immense tente tendue dans les abords des Invalides, décor blanc minimal et voilages de couleurs laissé aux prises d’une brise estivale, le défilé met en place les nouveaux codes Dior en modernisant l’héritage d’une maison de couture ancienne de près de 70 ans, puissant au cœur de l’ADN de celle-ci. Bon, ça c’est pour le discours officiel. Pour l’officieux, je pense qu’il est encore un peu tôt pour avoir un jugement sur le travail de Raf Simons au sein de Dior. Quelques mois supplémentaire d’imprégnation du style et de liberté semblent encore nécessaire afin de pouvoir réellement moderniser les choses et de proposer une véritable silhouette qui soit plus proche d’un chic contemporain que d’un déguisement !... Mais là n’est pas le propos, nous vous laissons vous faire votre avis sur cette première collection, pour notre part, faisant abstraction de certaines tenues hasardeuses, nous sommes tombés sous le charme des accessoires de Christian Dior 2.0. Alors, non, rassurez-vous, nous ne vous vanterons pas la magie d’une énième déclinaison du Lady Dior ou du Diorissimo ou de je ne sais quel autre sac présent sur quasiment chaque silhouettes du défilé, mais plutôt sur des accessoires plus discrets (discrétion toute relative cependant) et qui nous on fait totalement craquer ! Incroyables plastrons précieux composés de deux parties distinctes, créant une forme de rupture. Rupture des matériaux – métal irisé d’un coté vs plexiglas transparent rehaussé de cristaux précieux de l’autre – rupture stylistique entre le passé d’une griffe marqué par une décennie « Gallianesque » et une future (on le lui souhaite) décennie Raf « Simonesque ». Même travail réalisé sur une série de délicates et précieuses ceintures soulignant les silhouettes « New-Bar ».

© Dior SS13
© Dior SS13

Autre surprise et non des moindres, celui de l’univers du soulier Dior. Fini les classiques pump compensées arrondies roses, poudres et vernies, place à une collection d’escarpins forts, dynamiques et futuristes. Veau métallisé reprenant la thématique futuriste de la collection, palette de couleurs pastels ou plus sobres, associations de matériaux précieux tel le python ou le serpent d’eau avec des propositions ultra contemporaines de vinyle transparent, découpes nouvelles sur l’arrière du soulier, le tout souligné de bandes de métal irisé s’enroulant autour de la cheville ou glissant sur le pied – en un mot comme en cent, on adore !

© Dior SS13
© Dior SS13

© Dior SS13

La suite en mots et en images de nos coups de cœur mode de cette Fashion Week Parisienne dans quelques petits jours ! ;-)

A.