vendredi 10 février 2012

Haute Couture Version Off – le pire !

Après avoir passé au peigne fin, cette semaine les défilés parisiens Haute Couture et vous avoir présenté nos coups de cœur, il est grand temps de s’attaquer à une tâche sans doute moins amusante (quoi que) et surtout moins  « modesquement » correcte, à savoir, celle de parler du pire ! En effet, et c’est bien triste à dire, tout n’était pas beau ! Loin de là. Et non ma petite dame, au risque de vous décevoir et contrairement aux médias mode bien pensant, tout n’est pas toujours réussit. Et autant, il est important de parler du beau, autant il est également important pour une question de liberté intellectuelle et d’éthique, de parler du pire ! Et c’est justement là ou les Garçons aux Foulards interviennent et vous disent que les autres (pensent) n’osent pas.

Tour d’horizon des créateurs qui auraient pu s’en passer…

Comme nous vous le disions, malheureusement, tous les défilés ne nous ont pas laissé la même agréable sensation de beauté et de travail bien fait. Excès inutiles, banalité, ou encore déjà vu ont également été présent lors de cette édition Haute Couture.

A commencer par la ligne Couture du styliste italien Giorgio Armani, Armani Privé. Une fois de plus, les sempiternelles vestes à manche pagode, signature du couturier depuis bientôt deux décennies, ont défilées sur d’improbables tailleurs (de jour ?) vert anis ou bleu métallisé, ou une série de robes longues de sirènes bien trop irisées. Style immuable, attendu, presque ennuyeux, que l’on voit défiler depuis des années, de Paris à Milan, de Giorgio à Emporio en passant par le Privé. Difficile d’imaginer la cliente Armani Privé, la même sans doute, conquise, il y a longtemps, par les coupes over size furieusement mode qui avaient révolutionnées les années 80, et qui depuis, n’ont eu de cesse de rester fidèles à la griffe aux dix labels, et tout comme elle, lentement, quittent les devants de la scène…


Armani Privé SS12
Armani Privé SS12

Armani Privé SS12

Ennui également (ou consternation selon) chez le couturier français Jean-Paul Gautier, qui nous avait habitué à beaucoup mieux. Inspiré de la défunte chanteuse Amy Winehouse, les modèles outrageusement choucroutées défilent dans d’improbables tailleurs de jour ou de robes polos sport revisités à grands coups de sequins. Version jupe, version pantalon, version déstructurées, les mono-silouhettes reprennent les mêmes codes qui ont fait la notoriété du créateur. Corset mal ajusté laissant s’échapper les seins de la pauvre mannequin impuissante, ou encore mariées voilées de noir, cette dernière collection, si l’on passe outre le travail de broderie magnifique confié aux atelier Lesage, est d’avantage digne d’un défilé Prêt-à-Porter que d’un défilé Haute Couture. Loin le temps de l’innovation et de l’extravagance de ses débuts, la femme Couture Jean-Paul Gaultier navigue quelque part entre les bars de Camden et le rouge et le noir d’une Jeanne Maas années 80. Voyage périlleux qui laissera sans doute perplexe ses fidèles habituées à d’avantage de recherche et surtout à d’avantage d’élégance.

Jean-Paul Gautier Haute Couture SS12
Jean-Paul Gautier Haute Couture SS12
Jean-Paul Gautier Haute Couture SS12


Autre griffe italienne, et autre coup dans l’eau, la très peroxydée Donatella Versace, après huit années d’absence, revient à Paris avec l’Atelier Versace, forte du succès commercial et médiatique de sa peu élégante collaboration avec le géant suédois H&M, proposant une quinzaine de modèles, au style typiquement Donatella… Sirènes métalliques prisonnières de leurs vêtements, combinaisons à paillettes jaune criard, anis ou orange, taille XXS, inspiration rétro futuriste toute droit sortie d’un Comics des années 60, et volumes robotiques et disgracieux cassant la silhouette des longueurs sirènes. Retour vers le futur ou retour dans le passé, créatrice femme se faisant un malin plaisir à malmener le corps de la femme, le style Donatella, parfaitement valable pour un clip de pop commerciale made in US, ne nous fait décidément pas rêver.

Atelier Versace SS12
Atelier Versace SS12
Atelier Versace SS12
Atelier Versace SS12

Enfin, invité depuis plusieurs saisons durant la semaine de la Couture, la proposition du styliste Alexis Mabille, nous a laissé décidemment bien perplexe. Déjà le défilé précédant avait échappé de peu à ce type d’article peu élogieux. Mais celui-ci dépasse tout. Bouquet de silhouettes terriblement communes (et  de maquillages) mono couleur, rouge, jaune, rose ou encore céladon ; les robes cocktails, mono longueur genoux, ou autre tailleurs de jour, se portent accompagnés d’une inélégante coiffe fleur remettant au goût du jour la très pertinente signature Inter Flora : « Plaisir d’offrir, joie de recevoir »… Nous le préférions décidemment lorsqu’il en restait à sa spécialité, celle des nœuds papillons…

Alexis Mabille SS12
Alexis Mabille SS12

Alexis Mabille SS12

La perfection n’étant malheureusement pas de ce monde, l’erreur étant, semble-t-il, humaine, nos amis les créateurs ne sont pas parfaits (ni personne d’ailleurs, c’est bien triste), et avec un peu d’objectivité, tout un chacun acceptera le fait que toute collection ne puisse friser la justesse. Ainsi, espérons que ces quelques erreurs de parcours soient remarquées et surtout rapidement corrigées lors d’un prochain opus Couture, et que ces quelques jours de défilés, restent toujours la parenthèse la plus enchanteresse de l’année !

A.

8 commentaires:

  1. quel bagout....je suis fan !!!! 1 seul mot ...B R A V O

    RépondreSupprimer
  2. vous n'avez pas parlé de la collection de Zahia tiens j'aurais été curieuse de voir ce que vous en pensez !!

    RépondreSupprimer
  3. Tout à fait d'accord pour Jean Paul G. et Versace ! par contre ce cher Mabille...:), vous connaissez déja mon point de vue ^^

    J.

    RépondreSupprimer
  4. Bonsoir Mesdemoiselles,

    Merci de vos très aimables commentaires! Ravi que l'article vous ai plu et que vous partagiez (en partie du moins) notre point de vue.

    Concernant Zahia, cela viendra Sandrine, encore un peu de patience! ;-)

    Et pour ce qui est du cas Mabille, il ne "m'habillera" décidèment pas chère Johanna! ;-)

    RépondreSupprimer
  5. Beurk...
    Pour Donatella (de toute façon, Versace c'est vulgaire) je pense qu'il y a eu un abus de Jane Fonda dans Barbarella de Vadim...

    RépondreSupprimer
  6. ah ah ah super bien vue!!!! ;-) Totalement ça, en plus historiquement parlant, ça colle avec les dates de naissance de Dony, je comprends mieux! ;-)

    RépondreSupprimer
  7. Armani, c'est triste qu'il ne se renouvelle pas plus.
    Pour Versace, ben... comme dit DarkGally, c'est du Versace, hein! Si c'était fin, de bon goût et ultra original, ça se saurait. Et je trouve que Donatella a presque limité les dégâts, je m'attendais à pire. D'ailleurs, elle devrait habiller Zahia. Je trouve leurs univers assez raccords (bon, je suis affreusement sarcastique).
    Pour JPG, oui et non. Oui, ce n'est pas "haute couture". Mais c'est du JPG et il a rarement réalisé des collections "couture" traditionnelles. Quand il a sorti sa robe de soirée en jean, on était loin du "couture"! Sa collection Belle des Champs était plus classique mais justement, ça paraissait presque étrange de sa part... Donc ça ne me choque pas. Ca manque de subtilité, certes mais il a voulu rendre hommage à une des chanteuses les plus stylées de ces dernières années et dont le look est du JPG à 100% : la lingerie apparente, la dentelle, les couleurs franche, les pièces mélangées, les imprimés mixés. Je trouve que cette collection lui correspond, elle m'a vraiment touchée, je vote pour!
    Pour Alexis, aïe, aïe, aïe! Là aussi, ça manque de subtilité mais de la part de quelqu'un qui a toujours donné une image de bon goût délicat et subtil, c'est ennuyeux. Ces espèces de visages peinturlurés et ce color block mièvre, je trouve ça très étrange. Alexis, reprends-toi!
    Mais rien de tout ça n'arrive à la cheville de la fameuse collection de Lindsey Lohann...

    RépondreSupprimer
  8. Bon, je n'approfondirai pas le débat JPG... comme toute critique, il est possible de la tourner dans un sens comme dans l'autre, et d'une certaine façon ton raisonnement est également juste chère Stelda, même si mon point de vue penche tout de même du coté négatif de la balance... ah ah ah

    Sinon, pour celles et ceux qui attendaient impatiemment l'étude de cas Zahia, c'est en ligne depuis ce soir! ;-)

    http://lesgarconsauxfoulards.blogspot.com/2012/02/le-cas-zahia.html

    RépondreSupprimer