Paris-Edimbourg - Le défilé des Métiers d’Art Chanel
Le 4 décembre dernier, comme quasiment chaque année à même période la maison Chanel dévoilait sa collection des Métiers d’Art, valorisant le savoir-faire exceptionnel
de ses ateliers, et cette année c’est la si proche mais si lointaine
Ecosse qui est mise à l’honneur avec un défilé intitulé sobrement - Paris-Edimbourg. Pour l’occasion, la
maison de la rue Cambon a fait les choses en grands et invitée Journalistes,
Rédactrices de Mode et Happy Few du monde entier dans le majestueux décor du Palais de Linlithgow, ancienne résidence royale
des Stuart, où naquit entre autre, Mary d’Ecosse, future reine de France. Le
lien est ainsi tracé pour mettre en avant une tradition toute Ecossaise, que la griffe au double C a souhaitée
préserver et mettre en avant, celle du cachemire.
Acquise il y a peu, la société de
fabrication d’articles en cachemire Barrie Knitwear, dont les origines écossaises
remontent à près de 140 ans, rejoint les 9 autres maisons et ateliers Lesage,
Desrues, Lemarié, Michel, Massaro, Goossens,
Guillet, Causse et Montex, qui depuis 1985 forment petit à petit une constellation de savoir et de
transmission de ce savoir, avec pour chacune de ses étoiles, un domaine
respectif d’excellence (broderie, dentelle, maroquinerie…). (Car pour
ceux qui auraient oubliés trop rapidement la qualité des pull-overs de nos grands-mères
et des vestes en shetland de nos grands-pères, dont quelques uns ont eu la
chance d’hériter ; et bien le cachemire, avant d’être l’argument marketing
absolu pour vendre des mélanges Made in China de mauvaise qualité, est avant
tout la plus belle laine au monde, et elle est originaire des fières valons
Ecossais.)
Défilé hommage à l’Écosse donc mais aussi à son histoire, et à son
style mêlant force, élégance et tradition. Hommage que Gabrielle Chanel n’aurait pas désapprouvé, car elle en avait
découvert les beautés grâce à l’un de ses plus
illustres amants, le Duc de Westminster et lui avait inspiré ses créations
en tweed mais aussi ses cardigans et tricots en maille. Quasi retour ou source
donc la maison emblématique du luxe française qui se plonge avec délices dans
les comtes et légendes Ecossaises.
Symbole d’une Ecosse moderne, c’est la très aristocratique mannequin Stella Tennant qui ouvre le bal dans
une silhouette à l’élégance désinvolte et terriblement contemporaine. Long
manteau ample marine aux revers Tartan rouge, sur grosse maille de cachemire
gris clair à motifs anthracite, le ton est donné.
Un défilé quasi entièrement
composé de mailles revisitées reprenant les codes de ce pays à l’histoire
millénaire mélangés à ceux de la maison Chanel. Coupes loose et confortables, détails discrets de broderie, effet
Tartan en trompe l’œil, on ne sait plus si les mailles sont tissées ou
imprimées, si le cachemire se fait à carreau ou si le tweed prend parfois le
dessus de ce jeu grandeur nature de
Check et Mate.
Plus « AristoRock »
que son ancêtre Mary Stuart, la femme Chanel, garde de son voyage dans les
Highlands une allure élancée, forte,
presque guerrière, quelques fois soulignée de cuir. Cassant les codes
feutrés de son château endormi, elle chausse boots à lacets et autres bottes d’esprit masculin pour être plus à l’aise
lorsqu’elle porte robe longue, mais
n’oubli cependant pas sa cape de châtelaine
lors de ses virées sur les vertes collines de son domaine.
Bordeaux, Marines, Gris,
Blancs, Noirs ou encore Kaki,
c’est tout un colorama qui a été retravaillé pour faire cohabiter silhouettes
gorgées de tartan et codes Art Déco classiques.
N’oubliant pas pour autant son élégance de salon, la femme Chanel ne
quitte pas son 2.5.5 qu’elle revisite aux couleurs de son pays d’adoption, sauf
parfois pour lui préférer une gibecière
traditionnelle dans sa version grand luxe collant plus aux codes virils de
ces contrées.
Car Chanel n’oubli pas non plus l’homme
et lui a réservé une micro-collection de
mailles enveloppantes en pur cachemire à motif jacquard, de pantalons, de
vestes ou encore de manteaux à carreaux discrètement présents – on adore.
Loin de renier son héritage
historique, la femme Chanel repense quelque fois au glorieux passé de ses
ancêtres et ne peut s’empêcher de faire parfois référence dans ses tenues aux élégantes de la cours des Stuart. Manches bouffantes XXL retravaillées en
tweed pois plume, immenses fraises Élisabéthaines
en dentelles sombres, délicats plastrons rebrodés de plumes tels des
nature morte de chasses ou de brillants sequins, ganses en fourrures esprit Henri VIII ou encore chignons crêpés couleur Ginger
fièrement relevés – un must.
Et quand enfin, émue par tant de beauté, la femme Chanel tombe
amoureuse de l’un de ces ténébreux homme des vallées, fièrement, elle l’épouse,
et contrairement à Gabrielle Chanel qui n’en eut jamais la chance, elle porte
un ensemble brodé ivoire, que l’on
croirait tout droit sortit d’un cliché
des Années Folles.
Véritable final de mariées, Karl Lagerfeld clos le défilé avec une
série de modèles méritant tous les superlatifs. Voyage dans l’histoire du costume traditionnel britannique, le Keiser
propose une variation autour du thème servant de prétexte pour mettre en valeur
le talent des ateliers Chanel. Broderies,
Dentelles, Soieries, Incrustations de plume, Jacquards, Damassés, Tweeds, tout
y passe pour une véritable explosion de style et de luxe.
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