mercredi 29 février 2012

Raf Simons pour Jil Sander – Magnifique Clap de Fin


Nous vous l’avions annoncé la semaine dernière, et c’est maintenant officiel, Raf Simons vient de présenter il y a quelques jours à Milan, sous une salve d’applaudissements, son dernier défilé pour la maison Jil Sander.

Jil Sander FW/12
Jil Sander FW/12



Manteaux en cachemire double face, longueurs ¾, nuances pastel, robes de jour aux découpes épurées jupes boules en radzmirir portées sur des blazers d’esprit masculin, Raf Simons donne, pour son dernier opus Jil Sander, une leçon d’élégance hivernale, radicalisant le sage esprit années 50 par le biais du minimalisme cher de la créatrice allemande Jil Sander.

Jil Sander FW/12
Jil Sander FW/12



Aux antipodes des autres défilés Milanais, Douceur, style et émotions furent au programme de ce défilé terminé par les ovations d’un public conquis et par les larmes d’un Raf Simons visiblement ému de quitter la maison pour laquelle il a officié avec talent durant plusieurs années.

Jil Sander FW/12
Jil Sander FW/12







Grand mystère de cette Fashion Week, personne ne sait encore ce qu’il adviendra du créateur belge dans le jeu des chaises musicales qui bouleverse les Directions Artistiques des grands groupes de Mode. Réponse peut-être dans quelques jours, avec la présentation Christian Dior…

En attendant, le défilé Jil Sander FW/12 en image.




A.

samedi 25 février 2012

Scoopissime : Hedi Slimane est de retour!


Cette semaine sera décidemment bien riche en évènements ! Je vous promettais une Fashion Week Parisienne pleine de surprises, vous n’allez pas être déçus ! Elle le sera encore plus que ce que je pouvais imaginer. J’en trépignerai presque d’excitation tant la nouvelle est incroyable. En effet, (le grand) Hedi Slimane est officiellement de retour dans le circuit de la Mode !

Hedi Slimane


Période de crise économique sans doute, les maisons misent sur les valeurs sûres. Néo New Look chez Dior, collections élégantes et sagement rétro chez toutes les grandes marques depuis plusieurs saisons, retour des créateurs fondateurs telle Jil Sander, et actuel retour de l’icône de la Mode des années 2000, Hedi Slimane !

Pour celles et ceux qui auraient ratés une décennie, Hedi Slimane, chantre d’une certaine élégance rock, magicien du noir, mixant cuir, clous, graphisme, sneakers et jerseys fluides aux codes classiques du Tailoring, eut le talent de dépoussiérer les gris costumes Christian Dior, allongeant démesurément les silhouettes et faisant de la griffe du groupe LVMH, la ligne Homme la plus désirable et la plus désirée de son temps !

Dior Homme by Hedi Slimane

Dior Homme by Hedi Slimane


Bien plus qu’un simple styliste, Hedi Slimane fût l’un des premiers designer global de marque, signant les collections, les campagnes publicitaires, mais également l’architecture des points de vente épurant l’espace comme il épurait les coupes des modèles de vêtements qu’il créait, marquant les murs, tout comme ses créations de son « trait » minimal.

Dior Homme by Hedi Slimane

Dior Homme by Hedi Slimane


Partit en 2007, après avoir officié durant 7 années à faire de l’homme Dior une icône de Mode, Hedi Slimane est le seul créateur a avoir marqué autant ce début de siècle, influençant plusieurs générations de son style radical et épuré. Combien sont les jeunes créateurs à s’être inspirés de son travail, combien sont ceux à l’avoir regretté amèrement après ce départ inattendu au sommet de son art ? Refusant systématiquement toutes propositions de direction artistique, Hedi Slimane s’est consacré avec talent à sa passion de la photographie, enchainant expositions aux quatre coins de monde et shootings mode pour les magasines les plus pointus de la planète. Jusqu’au jour où, un projet, à la hauteur de son talent visionnaire, s’est présenté à lui.

Dior Homme by Hedi Slimane

Dior Homme by Hedi Slimane


Je vous le disais dans l’article précédent, d’importantes modifications se profilent sur le grand échiquier de la Mode, mais je n’en imaginais pas autant !

Stefano Pilati, déjà sur la sellette depuis plusieurs mois, avait réussit dans un premier temps à insuffler une nouvelle énergie aux collections Yves Saint Laurent, apportant une idée nouvelle de l’élégance à des collections bien trop chargées sexuellement après les années Porno Chic de Tom Ford. Malheureusement pour lui, l’énergie ne dura pas et les retours ne furent pas ceux escomptés. Et, contrairement aux rumeurs de ces derniers jours, le remplaçant de Stefano Pilati ne sera pas Raf Simons (futur ancien Directeur Artistique de Jil Sander), mais bel et bien le talentueux Hedi Slimane ! La nouvelle n’étant pas encore officiellement commentée par le groupe PPR, elle se chuchote déjà de source sûre !

Et quel plaisir ! Quelle impatience ! Quel enthousiasme après cette nouvelle incroyable ! Inconditionnel du maître Saint Laurent et du jeune prodige Hedi Slimane, j’attends avec bonheur de découvrir le résultat de l’alchimie de deux univers, de deux styles, de deux ambiances que tout sépare ; se complétant, réunis, de nouveau.

Car en effet, même si cette collaboration fera sans aucun doute l’effet d’une petite bombe durant la Fashion Week de mars, n’oublions pas que cette collaboration n’est pas une première, mais plutôt d’un juste retour aux sources. Car avant de marquer Dior Homme de sa patte, Hedi Slimane dessina les collections Yves Saint Laurent Homme durant trois ans, et elles furent auréolées de succès.

Le suspense demeure cependant quant aux termes du contrat. Hedi Slimane prendra-t-il en charge la totalité des lignes, et notamment la Femme qu’il a assez peu travaillé durant sa carrière, ou se cantonnera-t-il aux collections Hommes ? Une autre question reste encore irrésolue, quid de Raf Simons et de Stefano Pilati ?... N’oublions d’ailleurs pas que le fauteuil royal de Dior est toujours vacant !... Suspens donc et réponses sans doute début mars !

A. 

jeudi 23 février 2012

Scoop Modissime!

Parfois, dans le petit monde de la Mode, il y a certaines nouvelles qui font l’effet d’une petite bombe ! Celle qui est tombée aujourd’hui en fait partie, et il nous été absolument impossible de passer à coté et de ne pas la partager avec vous !

En effet, au détour d’une interview lambda donnée à la version allemande du magasine « peopolisant » Gala, la créatrice Jil Sander a lâché l’information de ce début d’année : à savoir, son retour officiel en tant que Directrice Artistique de la marque éponyme, fondée en 1968 et passée depuis dans les mains du groupe Prada et actuellement dans le portefeuille de marque du japonais Onward !

Jil Sander


Juste retour des choses me direz-vous ? Certes ! Les talents de styliste aux jeux de découpes quasi chirurgicales de Jil Sander et son travail au sein du japonais Uniqlo pour qui elle dessine la ligne J depuis plusieurs années, montrant par la même qu’un co-branding de qualité entre marque de Mass Market et Stylisme de qualité sont parfaitement possible, n’ont jamais cessés d’être reconnus et appréciés par la planète Mode.

Jil Sander pour Uniqlo


Ce que la nouvelle a d’incroyable, c’est quelle relance les spéculations sur le jeu des chaises musicales attendues depuis presque un an au sein des grands groupes de l’industrie du luxe, après l’annonce du limogeage expéditif de John Galliano du groupe LVMH.

Raf Simons

En effet, qui dit retour de Jil Sander, dit nécessairement départ du Directeur Artistique actuel, le talentueux Raf Simons, qui a su remettre depuis plusieurs saisons, la griffe bientôt quinquagénaire, sur les devants de la scène Mode Internationale.


Jil Sander SS12 by Raf Simons


Pressentit depuis plusieurs mois pour reprendre la Direction Stylistique de Christian Dior après que Marc Jacobs ai démenti quitter ses fonctions actuelles au sein de Louis Vuitton, la rumeur court cependant qu’il pourrait éventuellement reprendre les rennes d’une autre grande maison parisienne. En effet, les bruits de couloir allant vite, il semblerait que les dirigeants du groupe PPR souhaiteraient mettre fin à la collaboration de Stefano Pilati à la tête du style de la maison Yves Saint Laurent, en raison des résultats commerciaux qui seraient jugés insatisfaisant.

Ainsi, toute la question ces prochains jours et ces prochaines semaines sera d’admirer les prouesses de tactiques de ces grands groupes, avançant prudemment leurs pions, changeant la donne à coup de nominations médiatisées et d’évictions discrètes, insufflant indéniablement une énergie nouvelle dans le paysage stylistique International.

La Fashion Week Parisienne de Mars ne manquera donc pas de piquant, et cela à plus d’un niveau ! Lancement de la ligne éponyme de Cédric Charlier, départ potentiel de Raf Simon et de Stefano Pilati, et qui sait, pourquoi, nomination enfin d’un Directeur Artistique visionnaire capable de reprendre les rennes du vaisseau Dior ! Suspens !

A.

vendredi 17 février 2012

Le cas Zahia!


Il nous aura fallu un petit moment de réflexion avant de nous attaquer à ce morceau de choix qu’est le subit retour en grâce de l’ex call-girl Zahia Dehar et surtout son étonnante reconversion en tant que créatrice de mode… Mode pas vraiment, car la nouvelle spécialité de Miss Z n’est non pas, celle d’habiller les femmes, mais plutôt de les déshabiller.

Connaissant au fil des mois, nos prises de positions, nos goûts, nos coups de cœur, mais également nos coups de gueule, vous deviez vous douter que nous n’avions qu’une seule envie, celle de tirer à boulet rouge sur la jeune nymphette ! Mais à force de lectures diverses à son propos et de réflexions sur ce sujet, notre point de vue a sans doute évolué. En effet, est ce réellement cette jeune femme qu’il faille attaquer ou bien le système médiatique dans lequel nous naviguons dans son ensemble?


Zahia Dehar clôture son défilé


Mais avant de nous intéresser à cela, faisons un rapide retour en arrière.

Zahia Dehar, jeune femme à peine âgée de 18 ans aux courbes aguicheuses, fait la Une de toute la presse à scandale en  2010 pour ses rapports sexuels tarifés avec le joueur de football Franck Ribery, mettant par la même en exergue l’existence de réseaux de call girl agissant dans divers établissements des Champs-Elysées.

De ces débuts médiatiques peu glorieux, entre culpabilité et victimisation, Zahia profite, et ne perdant décidément pas le nord, comprend l’impact de la notoriété, fait déposer et protéger son nom dans divers domaines d’activité tels les huiles de massage, les cosmétiques, les sacs de voyages, les bijoux, les préservatifs, ou encore la production de films et d’émissions de télévision (les lignes de l’univers Zahia sont ainsi dessinées).

Peu de temps après cela, le duo de photographe Pierre et Gilles,  férus de culture populaire et dont les références sont parfois d’un goût douteux, érigent Zahia en Eve des temps Moderne, reprenant la pause de sa célèbre ancêtre, période Botticelli, et lui cachant le sexe d’une pomme que certains de ses plus fervents admirateurs n ‘hésiteraient sans doute pas à… croquer.

Zahia entourée des photographes Pierre et Gilles


Pire, l’édition espagnole du magazine de Mode V, fait d’elle sa couverture et surtout son image pour un numéro spécial Brigitte Bardot. Etonnant parallèle de deux femmes aux parcours (discutables dans chacun des deux cas) diamétralement opposés, dont le seul point commun visuel serait une couleur de cheveux, plus ou moins naturelle pour l’une, outrageusement peroxydée pour l’autre. Plus proche d’une parodie pour public averti de l’héroïne de Roger Vadim que d’une version 21ème siècle de Et Dieu créa la Femme.

Zahia sur la couverture de V Magazine


A moins que…

Et si Dieu au 21ème siècle était le puissant Média avec un M très majuscule ?

En effet, avant il y avait le talent, maintenant il y a la Médiatisation et la reine Image. Génération Loft oblige, la moindre émission de télé réalité, la moindre couverture people, fait de vous une Star, adulée, traquée, épiée. Etoiles filantes médiatiques, Star d’un jour aux lendemains souvent sombres, les exemples que nous pouvons citer sont décidemment bien nombreux. Et Zahia n’échappera peut être pas à cette règle. Qui se souvient encore du brillant avenir de la jeune nymphette des années 2000, Loana ? Même blondeur peroxydée, même image sulfureuse, même vide culturel, la jeune femme, tout juste sortie du Loft saison 1, défile pour Jean-Paul Gaultier et lance une ligne de vêtement au bon goût tout relatif. Tiens, étonnant parallèle n’est-ce pas…?

La seule différence, qui pourrait séparer le destin de nos jeunes exemples blonds serait sans doute les appuis financiers… En effet, c’est bien là que l’histoire devient intrigante et que les réponses manquent… En effet, Zahia Dehar seule, n’aurait jamais eu les moyens de lancer un projet de création d’entreprise et une campagne médiatique aussi importante, sans l’appui de riches investisseurs chinois, à savoir la société First Mark Investments. (La somme investie par cette dernière reste d’ailleurs confidentielle.)

Impossible donc d’échapper à la marée médiatique que fut le « défilé évènement » de « Lingerie fine » du 25 janvier 2012 au Palais de Chaillot présenté par Mlle Zahia. Certains ont détesté, d’autres ont adoré (n’exagérons rien..), la grande majorité est restée perplexe, et c’est d’ailleurs également notre cas.

Perplexe face à un Karl Lagerfeld, prêt à tout pour tenter de rester dans la course du « in » populaire, lui apportant son crédit dans un univers très fermé et terriblement compliqué, shootant la toute nouvelle collection de la blonde créatrice, traçant au passage un parallèle entre le parcours de Zahia et de Gabrielle Chanel (pour le coup, il n’a pas totalement tort, surtout lorsque l’on connaît les débuts douteux de Mlle Coco), la mettant dans la lignée des Chloé de Mero, Emilienne d’Alençon et autre grandes cocottes du 19ème siècle (Mr Lagerfeld aurait-il oublié que ce qui différencie une courtisane d’une call girl n’est pas la capacité d’écarter les cuisses mais l’esprit, mettant ainsi à ses pieds artistes, grands hommes et intellectuels ? ) et affirmant que « rien chez elle n’est vulgaire » (permettez moi d’émettre un sérieux doute à ce propos)…

Perplexe également face aux talents de créatrice d’une jeune femme qui se serait découvert subitement la vocation de styliste et aurait eu l’excellente idée de s’entourer pour ce faire de professionnels du secteur, tels le corsetier François Tamarin, le fleuriste plumassier Bruno Legeron, les brodeurs Jean-Pierre Ollier, Eric-Charles Donatien, Aurélie Lanoiselée, l’accessoiriste Cécile Boccara ou encore le sculpteur plasticien Michel Carel, dont les noms même n’avaient jamais du encore glisser dans les oreilles de la belle…


Défilé Lingerie Zahia Couture 


Perplexe enfin, face à la collection elle-même. Car même si le communiqué de presse explique qu’il s’agit d’une "ligne de tenues d'intérieur légères, raffinées",  même si le travail de broderies, de découpe, les détails réalisés par les multiples artisans ayant collaborés à cette collection sont magnifiques, les modèles, affublés de noms grotesques aux évocations coquino-mièvre tels  « Gourmandise impudique » ou « La danse de la nymphette émue »,  plus proche de la parodie que de la lingerie fine, sont franchement décevant. Pâle copie d’un show à la Victoria Secret, les filles défilent vêtues d’ailes d’anges ou de papillon brodées, de soutien-gorge fruitées, et dans une acmé de mauvais goût, ont le corps bandés de gros ruban en satin rose esprit « baby bondage » - vulgaire !

Défilé Lingerie Zahia Couture 

Défilé Lingerie Zahia Couture 

Défilé Lingerie Zahia Couture 

Paquet cadeau vivant offert en pâture à de futurs riches clients, la femme « Zahia Couture », loin de toute notion d’érotisme tombe dans le pastiche et l’outrancier. Et quand enfin, clou du spectacle, la belle, clôt le numéro, vêtue d’une robe transparente en voile bordée de quelques pétales cachant intelligemment les zones « sensibles » de son corps, on comprend. On comprend que c’est encore là qu’elle excelle le mieux, aguicheuse, presque nue, offerte au public, mi offrande  posée sur l’autel du Dieu Média, mi Symbole d’une nouvelle génération dont la célébrité, est l’unique ambition et qui souhaiterait lui ressembler.

Défilé Lingerie Zahia Couture 

Et quand enfin, après quelques heures, la conférence de presse débute, l’image finit de  s’effondrer. Discours répété minutieusement, univers non maitrisé, personnage fade clairement incapable d’avoir crée une collection de Mode, M6 capte quelques minutes dune interview désastreuse (depuis supprimée de la toile) qui ne laissa plus aucun doute sur les tenants et les aboutissants d’un simple prête nom dans l’objectif de créer un marque rentable financièrement.

Interview donnée pour M6

Faut-il pour autant jeter la pierre à l’ancienne Escort Girl sortie du ruisseau ? Je ne pense pas. L’éminence grise de la mode, Jean-Jacques Picart en personne affirme : « La mode est le reflet parfait d’un moment, d’une société à une certaine heure, et aujourd’hui, beaucoup de barrières ont sautées. Si Zahia, qui est très probablement une fille maligne, peut trouver matière, dans le scandale d’il y a quelques mois, à se faire une nouvelle vie, tant mieux. ».

Ceux qui sont à blâmer en revanche, sont les professionnels du monde de la Mode et des Médias qui ont participés et qui continuent de participer à cette mascarade de mauvais goût avec comme seul objectif la Spectacularisation et l’appât de l’argent. Le destin de Zahia Dehar est très certainement un sujet intéressant à étudier dans son approche sociétale et sociologique, mais en aucun cas par le prisme d’un éventuel talent de créatrice de mode. Laissons d’ailleurs pour cela le soin à Mlle Adjani de dresser « l’émouvant portrait » de l’ex call-girl pour laquelle elle aurait eu un véritable « coup de cœur »…

Symbole d’une époque  ou Comte de fée des temps moderne, le cas Zahia n’est décidément pas prêt de se terminer. Dans tous les cas, le prochain épisode, aura lieu le 9 juillet prochain, durant les pré-collections d'été, ou la jeune femme présentera une seconde ligne issue de la "Collection Couture Zahia", spécialement créée à son effigie. Affaire à suivre donc…

A.

vendredi 10 février 2012

Haute Couture Version Off – le pire !

Après avoir passé au peigne fin, cette semaine les défilés parisiens Haute Couture et vous avoir présenté nos coups de cœur, il est grand temps de s’attaquer à une tâche sans doute moins amusante (quoi que) et surtout moins  « modesquement » correcte, à savoir, celle de parler du pire ! En effet, et c’est bien triste à dire, tout n’était pas beau ! Loin de là. Et non ma petite dame, au risque de vous décevoir et contrairement aux médias mode bien pensant, tout n’est pas toujours réussit. Et autant, il est important de parler du beau, autant il est également important pour une question de liberté intellectuelle et d’éthique, de parler du pire ! Et c’est justement là ou les Garçons aux Foulards interviennent et vous disent que les autres (pensent) n’osent pas.

Tour d’horizon des créateurs qui auraient pu s’en passer…

Comme nous vous le disions, malheureusement, tous les défilés ne nous ont pas laissé la même agréable sensation de beauté et de travail bien fait. Excès inutiles, banalité, ou encore déjà vu ont également été présent lors de cette édition Haute Couture.

A commencer par la ligne Couture du styliste italien Giorgio Armani, Armani Privé. Une fois de plus, les sempiternelles vestes à manche pagode, signature du couturier depuis bientôt deux décennies, ont défilées sur d’improbables tailleurs (de jour ?) vert anis ou bleu métallisé, ou une série de robes longues de sirènes bien trop irisées. Style immuable, attendu, presque ennuyeux, que l’on voit défiler depuis des années, de Paris à Milan, de Giorgio à Emporio en passant par le Privé. Difficile d’imaginer la cliente Armani Privé, la même sans doute, conquise, il y a longtemps, par les coupes over size furieusement mode qui avaient révolutionnées les années 80, et qui depuis, n’ont eu de cesse de rester fidèles à la griffe aux dix labels, et tout comme elle, lentement, quittent les devants de la scène…


Armani Privé SS12
Armani Privé SS12

Armani Privé SS12

Ennui également (ou consternation selon) chez le couturier français Jean-Paul Gautier, qui nous avait habitué à beaucoup mieux. Inspiré de la défunte chanteuse Amy Winehouse, les modèles outrageusement choucroutées défilent dans d’improbables tailleurs de jour ou de robes polos sport revisités à grands coups de sequins. Version jupe, version pantalon, version déstructurées, les mono-silouhettes reprennent les mêmes codes qui ont fait la notoriété du créateur. Corset mal ajusté laissant s’échapper les seins de la pauvre mannequin impuissante, ou encore mariées voilées de noir, cette dernière collection, si l’on passe outre le travail de broderie magnifique confié aux atelier Lesage, est d’avantage digne d’un défilé Prêt-à-Porter que d’un défilé Haute Couture. Loin le temps de l’innovation et de l’extravagance de ses débuts, la femme Couture Jean-Paul Gaultier navigue quelque part entre les bars de Camden et le rouge et le noir d’une Jeanne Maas années 80. Voyage périlleux qui laissera sans doute perplexe ses fidèles habituées à d’avantage de recherche et surtout à d’avantage d’élégance.

Jean-Paul Gautier Haute Couture SS12
Jean-Paul Gautier Haute Couture SS12
Jean-Paul Gautier Haute Couture SS12


Autre griffe italienne, et autre coup dans l’eau, la très peroxydée Donatella Versace, après huit années d’absence, revient à Paris avec l’Atelier Versace, forte du succès commercial et médiatique de sa peu élégante collaboration avec le géant suédois H&M, proposant une quinzaine de modèles, au style typiquement Donatella… Sirènes métalliques prisonnières de leurs vêtements, combinaisons à paillettes jaune criard, anis ou orange, taille XXS, inspiration rétro futuriste toute droit sortie d’un Comics des années 60, et volumes robotiques et disgracieux cassant la silhouette des longueurs sirènes. Retour vers le futur ou retour dans le passé, créatrice femme se faisant un malin plaisir à malmener le corps de la femme, le style Donatella, parfaitement valable pour un clip de pop commerciale made in US, ne nous fait décidément pas rêver.

Atelier Versace SS12
Atelier Versace SS12
Atelier Versace SS12
Atelier Versace SS12

Enfin, invité depuis plusieurs saisons durant la semaine de la Couture, la proposition du styliste Alexis Mabille, nous a laissé décidemment bien perplexe. Déjà le défilé précédant avait échappé de peu à ce type d’article peu élogieux. Mais celui-ci dépasse tout. Bouquet de silhouettes terriblement communes (et  de maquillages) mono couleur, rouge, jaune, rose ou encore céladon ; les robes cocktails, mono longueur genoux, ou autre tailleurs de jour, se portent accompagnés d’une inélégante coiffe fleur remettant au goût du jour la très pertinente signature Inter Flora : « Plaisir d’offrir, joie de recevoir »… Nous le préférions décidemment lorsqu’il en restait à sa spécialité, celle des nœuds papillons…

Alexis Mabille SS12
Alexis Mabille SS12

Alexis Mabille SS12

La perfection n’étant malheureusement pas de ce monde, l’erreur étant, semble-t-il, humaine, nos amis les créateurs ne sont pas parfaits (ni personne d’ailleurs, c’est bien triste), et avec un peu d’objectivité, tout un chacun acceptera le fait que toute collection ne puisse friser la justesse. Ainsi, espérons que ces quelques erreurs de parcours soient remarquées et surtout rapidement corrigées lors d’un prochain opus Couture, et que ces quelques jours de défilés, restent toujours la parenthèse la plus enchanteresse de l’année !

A.