Après New York, Londres et Milan,
la Fashion Week revient à Paris et nous donne un véritable cours de
mathématique sur les podiums. Carreaux, cercles, trapèzes, ou encore rayures
linéaires, c’est à qui prouvera le mieux à coups de ciseaux et de mètres de
tissus son amour des théorèmes géométriques. Loin de déplaire à Pythagore ou à
Thalès, designers et créateurs de mode nous font réviser de façon rigoureuse et
méthodique nos leçons algorithmiques. Silence. Préparez vos plumes et vos
cahiers !
Rayures
A la base de tout, est la ligne.
Ligne droite, pure, rassurante, elle commence tout dessin, toute réflexion
aussi. Et loin de se contenter d’une seule, les créateurs ont décidés de jouer
avec, de les multiplier, de les détourner, de les transformer. Rayures XS,
ultra fines, presque fondues dans le tissu - comme les blouses en mousseline de
soie effet marinière chez Anthony
Vaccarello - ou au contraire XL, volontairement exagérées – comme chez Cédric Charlier, en cuir tressé pour la
dernière collection du styliste Christophe Lemaire pour la maison Hermès, en mousseline de soie
graphique et chic chez Givenchy ou
encore chez Sacai qui associe l’esprit
marinière aux dentelles et guipures romantiques - les deux styles
cohabitent et se complètent.
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© Anthony Vaccarello SS15 |
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© Sacai SS15 |
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© Cédric Charlier SS15 |
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© Hermès SS15 |
Sobres en blanc et noir chez
certains, elles deviennent carrément ultra colorées et pop dans les collections
d’autres créateurs - Jacquemus, Dries
Van Noten, Balmain, Alina German,
Maxime Simoens.
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Dries Van Noten SS15 Aina German SS15 Jacquemus SS15 |
Travaillée à l’horizontal le plus
souvent, on retrouve également le principe de rayures, travaillé dans une idée
de verticalité très prononcée – Balmain,
Carven, Paco Rabanne, avec une touche masculine de tayloring chez Kenzo.
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© Carven SS15 |
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© Paco Rabanne SS15 |
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© Kenzo SS15 |
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© Balmain SS15 |
Enfin, pour les puristes de la
ligne, le tissu lui même se fait ligne, dans son tombé, dans sa construction,
se transformant en de délicats jeux de plissés, travaillés à la verticales, en
total look ou en superpositions aux accents couture, allongeant indéniablement
les silhouettes, transformant les corps en vestales moderne, dévoués au Dieu
Sportswear – Vionnet, Yang Li, Gosia
Baczynska
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Yang Li SS15 Vionnet SS15 Gosia Baczynska SS15 |
Carreaux
Une fois que la ligne est
dessinée, de façon horizontale ou verticale, il est temps de la doubler de son
opposer et de dessiner des carreaux, jouant sur les jeux de lignes et de
couleurs. Petits, grands, simples ou complexes, les carreaux (pas toujours
carrés), parfois proches du losange, sont la seconde étape de notre leçon de
géométrie stylistique.
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© Gareth Pugh SS15 |
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© Gareth Pugh SS15 |
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© Tsumori Chisato SS15 |
Arlequins ultra moderne chez Gareth Pugh nous faisant penser aux
œuvres de Picasso ou de Schiaparelli, ou version Bucheron ultra couture en
superposition sur des mousselines de soie chez Yang Li ou Paco Rabanne,
le carreau s’associe le plus souvent à des tons neutres, blanc ou noir, et
quelques fois à des nuances intenses comme chez Tsumori Chisato.
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Paco Rabanne SS15 Yang Li SS15 Yang Li SS15 |
Carreau minimal enfin, celui qui
est simplement découpé dans le tissu, à vif, presque bord franc, et qui impose
par sa simplicité de ligne – Yang Li - ou
maximal, composant toute la tenue, travaillé comme chez Balmain sur des cuirs esprit Mondrian ou des soie brodées en all
over, structurant une silhouettes en larges bandes de soie ivoire chez Céline, ou encore en détail de cote de
maille métallique rectangulaire associé au tweed chez Chanel – effet visuel spectaculaire garantie.
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Chanel SS15 Céline SS15 Balmain SS15 |
Trapèzes
Encore un peu plus loin dans la
conceptualisation, le carré initial s’affine vers le haut et s’élargit vers le
bas pour jouer sur les volumes. Terme géométrique pour parler de la célèbre
A-line chère aux créateurs de mode se définissant par une carrure d’épaule
étroite, un volume de poitrine souvent petit, jouant sur le coté menu et gracile
du haut du buste, contrastant avec un volume presque exagéré sur le bas des
vêtements.
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© Stella McCartney SS15 |
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© Guy Laroche SS15 |
Des robes virginales en coton
blanc de Christophe Lemaire, en soie
noire de Stella McCartney ou en
organza couleur cendre de Rick Owens,
aux robes du soir magistrales de Gareth
Pugh, en passant par les manteaux en cuir de Carven, ou en laine aux accents sport de Guy Laroche toutes les pièces du vestiaire de l’été prochain se
prêtent au jeu du trapèze.
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Christophe Lemaire SS15 Rick Owens SS15 Carven SS15 |
A-line ne signifie pas forcement
dépouillement, car si la ligne est pure, les tissus utilisés et les détails de coupe
peuvent être quant à eux d’une opulence discrète. C’est du moins ce que nous
prouve Alessandro Dell'Acqua pour la collection Rochas, avec des jeux de transparences sur des dentelles, des
mousselines et des organza très couture ou encore Nicolas Ghesquière pour sa
très belle nouvelle collection pour Louis
Vuitton.
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Louis Vuitton SS15 Rochas SS15 Rochas SS15 |
Le penseur Blaise Pascal disait
en son temps, « Il y a deux sortes
d’esprit : l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse », les
créateurs de mode parisiens nous on semble-t-il prouvé qu’esprit mathématique
et finesse d’esprit pouvaient parfois faire bon ménage. Ami(e)s de la mode, à
vos algorithmes ! ;-)
A.
Encore un très bel article ! D'accord en tout points avec ce décryptage.
RépondreSupprimerPar contre il me semble que la robe aux couleurs mondrian vient du show Balmain et non pas Givenchy (dans la légende)
Merci beaucoup pour ce commentaire et ce soutien sans faille ;-) C'est un bien vilain lapsus qui est arrivé ici, et merci de me l'avoir fait remarqué. Mais comme tout lapsus, il est justement révélateur que cette silhouette Balmain m'a fait malgré tout terriblement pensé à l'une des dernières collection Givenchy par Riccardo Tisci .... hum hum hum....
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