lundi 6 octobre 2014

Paris Fashion Week SS15 – Géométrie (In)Variable



Après New York, Londres et Milan, la Fashion Week revient à Paris et nous donne un véritable cours de mathématique sur les podiums. Carreaux, cercles, trapèzes, ou encore rayures linéaires, c’est à qui prouvera le mieux à coups de ciseaux et de mètres de tissus son amour des théorèmes géométriques. Loin de déplaire à Pythagore ou à Thalès, designers et créateurs de mode nous font réviser de façon rigoureuse et méthodique nos leçons algorithmiques. Silence. Préparez vos plumes et vos cahiers !

Rayures

A la base de tout, est la ligne. Ligne droite, pure, rassurante, elle commence tout dessin, toute réflexion aussi. Et loin de se contenter d’une seule, les créateurs ont décidés de jouer avec, de les multiplier, de les détourner, de les transformer. Rayures XS, ultra fines, presque fondues dans le tissu - comme les blouses en mousseline de soie effet marinière chez Anthony Vaccarello - ou au contraire XL, volontairement exagérées – comme chez Cédric Charlier, en cuir tressé pour la dernière collection du styliste Christophe Lemaire pour la maison Hermès, en mousseline de soie graphique et chic chez Givenchy ou encore chez Sacai qui associe l’esprit marinière aux dentelles et guipures romantiques  - les deux styles cohabitent et se complètent.

 © Anthony Vaccarello SS15
© Sacai SS15
© Cédric Charlier SS15 
© Hermès SS15

Sobres en blanc et noir chez certains, elles deviennent carrément ultra colorées et pop dans les collections d’autres créateurs - Jacquemus, Dries Van Noten, Balmain, Alina German, Maxime Simoens.

Dries Van Noten SS15                      Aina German SS15                          Jacquemus SS15


Travaillée à l’horizontal le plus souvent, on retrouve également le principe de rayures, travaillé dans une idée de verticalité très prononcée – Balmain, Carven, Paco Rabanne, avec une touche masculine de tayloring chez Kenzo.

© Carven SS15
© Paco Rabanne SS15
© Kenzo SS15
© Balmain SS15

Enfin, pour les puristes de la ligne, le tissu lui même se fait ligne, dans son tombé, dans sa construction, se transformant en de délicats jeux de plissés, travaillés à la verticales, en total look ou en superpositions aux accents couture, allongeant indéniablement les silhouettes, transformant les corps en vestales moderne, dévoués au Dieu Sportswear – Vionnet, Yang Li, Gosia Baczynska

     Yang Li SS15                            Vionnet SS15                                Gosia Baczynska SS15


Carreaux

Une fois que la ligne est dessinée, de façon horizontale ou verticale, il est temps de la doubler de son opposer et de dessiner des carreaux, jouant sur les jeux de lignes et de couleurs. Petits, grands, simples ou complexes, les carreaux (pas toujours carrés), parfois proches du losange, sont la seconde étape de notre leçon de géométrie stylistique.

© Gareth Pugh SS15
© Gareth Pugh SS15
© Tsumori Chisato SS15

Arlequins ultra moderne chez Gareth Pugh nous faisant penser aux œuvres de Picasso ou de Schiaparelli, ou version Bucheron ultra couture en superposition sur des mousselines de soie chez Yang Li ou Paco Rabanne, le carreau s’associe le plus souvent à des tons neutres, blanc ou noir, et quelques fois à des nuances intenses comme chez Tsumori Chisato.

Paco Rabanne SS15                           Yang Li SS15                                         Yang Li SS15


Carreau minimal enfin, celui qui est simplement découpé dans le tissu, à vif, presque bord franc, et qui impose par sa simplicité de ligne – Yang Li - ou maximal, composant toute la tenue, travaillé comme chez Balmain sur des cuirs esprit Mondrian ou des soie brodées en all over, structurant une silhouettes en larges bandes de soie ivoire chez Céline, ou encore en détail de cote de maille métallique rectangulaire associé au tweed chez Chanel – effet visuel spectaculaire garantie.


Chanel SS15                                 Céline SS15                                         Balmain SS15

Trapèzes

Encore un peu plus loin dans la conceptualisation, le carré initial s’affine vers le haut et s’élargit vers le bas pour jouer sur les volumes. Terme géométrique pour parler de la célèbre A-line chère aux créateurs de mode se définissant par une carrure d’épaule étroite, un volume de poitrine souvent petit, jouant sur le coté menu et gracile du haut du buste, contrastant avec un volume presque exagéré sur le bas des vêtements.

© Stella McCartney SS15
© Guy Laroche SS15
Des robes virginales en coton blanc de Christophe Lemaire, en soie noire de Stella McCartney ou en organza couleur cendre de Rick Owens, aux robes du soir magistrales de Gareth Pugh, en passant par les manteaux en cuir de Carven, ou en laine aux accents sport de Guy Laroche toutes les pièces du vestiaire de l’été prochain se prêtent au jeu du trapèze.

Christophe Lemaire SS15                           Rick Owens SS15                             Carven SS15


A-line ne signifie pas forcement dépouillement, car si la ligne est pure, les tissus utilisés et les détails de coupe peuvent être quant à eux d’une opulence discrète. C’est du moins ce que nous prouve Alessandro Dell'Acqua pour la collection Rochas, avec des jeux de transparences sur des dentelles, des mousselines et des organza très couture ou encore Nicolas Ghesquière pour sa très belle nouvelle collection pour Louis Vuitton.

Louis Vuitton SS15                                 Rochas SS15                                        Rochas SS15


Le penseur Blaise Pascal disait en son temps, « Il y a deux sortes d’esprit : l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse », les créateurs de mode parisiens nous on semble-t-il prouvé qu’esprit mathématique et finesse d’esprit pouvaient parfois faire bon ménage. Ami(e)s de la mode, à vos algorithmes ! ;-)

A.

2 commentaires:

  1. Encore un très bel article ! D'accord en tout points avec ce décryptage.
    Par contre il me semble que la robe aux couleurs mondrian vient du show Balmain et non pas Givenchy (dans la légende)

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    1. Merci beaucoup pour ce commentaire et ce soutien sans faille ;-) C'est un bien vilain lapsus qui est arrivé ici, et merci de me l'avoir fait remarqué. Mais comme tout lapsus, il est justement révélateur que cette silhouette Balmain m'a fait malgré tout terriblement pensé à l'une des dernières collection Givenchy par Riccardo Tisci .... hum hum hum....

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