C’est lors de l’une de nos
promenades dans le quartier du Haut Marais que nous avons eu la chance de découvrir le travail de l’artiste Louise
Hindsgavl. Discrètement lovée rue des Coutures Saint Gervais, face au
jardin de l’Hôtel Salé, actuellement en travaux, la Galerie NEC, spécialisée dans la céramique contemporaine, a fait le
parti pris audacieux de présenter l’œuvre délicieusement subversive de cette
jeune danoise qui a déjà conquit l’Europe du Nord et qui dépoussière les bien
trop classiques biscuits de porcelaine.
Légères, aériennes, presque
fragiles lorsqu’on les découvre, la beauté
éthérée des figurines en porcelaine de Louise Hindsgavl séduit et désarme immanquablement le
spectateur. Toutefois, lorsqu’on les observe d’un peu plus près, celles-ci
dévoilent leur obscurité cachée.
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© Les Garçons aux Foulards |
Sous la blancheur et la finesse
de leur peau délicate, quelque fois rehaussée d’or ou soulignée de graphite, il
se cache autant de violence, de
meurtrissures et d’obscénité que d’humour noir. Scènes faussement
bucoliques aux références mythologiques apparentes, Louise Hindsgavl crée des
scénarios moins intimidant pour mieux nous attirer dans son univers et nous
plonger dans l’illusion d’un monde innocent.
« Mes personnages sont pétris d’humanité et d’animalité et se
métamorphosent dans un univers mythologique. »
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© Les Garçons aux Foulards |
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© Les Garçons aux Foulards |
Et d’innocence, le monde de
Louise Hindsgavl n’en a que les apparences. Personnages torturés, grimés, sexués jusqu’à l’extrême ; sous
leurs infimes pellicules de glaçure, les sculptures contemporaines de la jeune
artiste Danoise révèlent sans ambigüité la cruauté fatale de l’individu qui ne
connaît aucune alternative.
« Je n’utilise pas le médium porcelaine pour créer quelque chose de joli
comme il en est traditionnellement le cas, mais pour explorer les méandres de
la nature humaine. Ce sont les aspects les plus primaires et quelquefois moins
flatteurs de notre condition qui m’intéressent. »
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© Les Garçons aux Foulards |
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© Les Garçons aux Foulards |
Détournée de son utilisation première en tant que matériau
d’apparat au service d’un Art parfois Décoratif parfois Institutionnel, la
porcelaine, dans les mains de Louise Hindsgavl, est poussée jusqu’à son
extrême. Coulante, rigide, torturée, percée,
vissée, architecturée, elle se trouve même associée au plus contemporain
des plexiglas ; révélant au détour de ses méandres, l’étrangeté de ces
créatures surréalistes engagées dans un jeu pervers et déroutant.
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© Les Garçons aux Foulards |
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© Les Garçons aux Foulards |
Tout y est inversé : les clivages sociaux sont temporairement
abolis et les pulsions sexuelles refrénées se libèrent. A l’opposé d’une beauté
convenue ou radieuse, les personnages mis en scène semblent errer, solitaires,
sans contrôle de leur existence.
« Je considère la porcelaine comme une matière d’un raffinement absolu
pour autant je l’utilise pour traduire les aspects les plus délétères de notre
société. On peut faire un parallèle entre mes personnages et leur faculté à
détruire la société dans laquelle ils évoluent, et la fragilité des sculptures
en porcelaine qui volent en éclats lorsqu’elles nous échappent des mains. La
faculté qu’ont mes personnages à rendre vulnérable la société dans laquelle ils
évoluent fait écho et la fragilité de mes sculptures qui volent en éclat
lorsqu’elles nous échappent des mains. »
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© Les Garçons aux Foulards |
A découvrir
sans plus attendre à la Galerie NEC jusqu’au 2 juin 2012.
A.
Louise Hindsgavl à Galerie NEC
20, rue des Coutures Saint Gervais, 75003 Paris
Du mardi au samedi de 13h à 19h
Drôle de choses
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