Les garçons aux foulards: Paris Men Fashion Week

vendredi 25 janvier 2013

Paris Men Fashion Week – Nos Coups de Cœur

Après un épisode milanais riche (très riche) en belles surprises, faisant oublier ces dernières saisons quelque peu insipides, c’est au tour de Paris d’accueillir mannequins, journalistes et buyers du monde entier pour la très attendue Men Fashion Week. Comme toujours, virevoltant au centre de cet univers que nous aimons tant, les Garçons aux Foulards, toujours à l’affut des dernières tendances vous décrypterons les collections de l’hiver prochain et vous présenterons tous les jours leurs coups de cœur stylistiques, photos à l’appui !

Mercredi 16 Janvier – Valentino

Cela faisait bien longtemps qu’un défilé Valentino Homme ne nous avait pas fait autant vibrer. C’est maintenant chose faite grâce au duo italien de génie - Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli qui a proposé pour l’hiver prochain une vision du vestiaire masculin frôlant la perfection. Richesse des matériaux utilisés, finesse des détails, perfection des coupes, profondeur des couleurs, nous sommes tombés sous le charme de cette collection coupée au cordeau.

© Valentino

Loin de perdre sa virilité et son élégance, l’homme Valentino est entré fièrement dans une modernité assumée. Plus cintrées, plus fitées, plus courtes, les coupes définitivement contemporaines, élancent les silhouettes et les affinent. Sans pour autant tomber dans les excès d’une androgynie quelques fois trop présentes dans les défilés, l’homme Valentino conserve les codes masculins mais évolue vers un raffinement indéniable.

© Valentino

Dégradés de vert et de bleu allant du céladon au marine en passant par le pétrole et l’émeraude, le colorama intense de cet automne/hiver se dynamise d’imprimés graphiques reprenant les motifs classiques du vestiaires masculin, mais modernisés avec un soupçon d’impertinence. Ainsi le pied de coq devient XL sur des parkas moirées et les écossais et autres Prince de Galles se déclinent en mailles, en doublures ou en total look all over – radicalement chic !

© Valentino

Radicalement chic tout comme les associations de navy et de noir sur des smokings ultra contemporains ou bien des cabans et des manteaux ¾ aux lignes graphiques soulignées d’empiècements en cuir. Effets bi ou tri matières, cols de chemises forcément fermés, cravates slim nouées, mailles fines coordonnées, l’homme Valentino fait attention aux moindres détails de sa tenue. Porte-document de rigueur, il ose les accessoires pour casser l’unité de sa silhouette impeccable. Cuirs glacés colorés ou bien encore derby cloutés, l’homme Valentino ose avec élégance et nonchalance jusqu’au plus précieux et au plus luxueux des détails – la fourrure.

© Valentino

Cuir omniprésent déjà depuis plusieurs saisons, la fourrure – Astrakhan, vison, renard, marmotte – s’invite dans tous les défilés et apporte sa profondeur et sa richesse. Chez Valentino, elle souligne élégamment les cols de vestes et de cabans, faisant part intégrante de la veste, tel un luxueux foulard amovible, elle dépasse légèrement du revers pour obtenir un effet contrasté de matière et de couleur – chicissime !

© Valentino

Jeudi 17 Janvier – Balmain

C’est un très beau voyage à travers le temps et l’espace que nous propose Olivier Rousteing, le jeune mais néanmoins talentueux Directeur Artistique de la maison Balmain, pour l’hiver prochain. Inspiré par les flamboyantes tenues de scènes de David Bowie époque China’s Girl tout comme par les costumes traditionnels japonais, Olivier Rousteing mixe avec talent les deux univers que tout oppose, avec l’esprit rock’n’roll inscrit dans l’ADN de la maison.

© Balmain

Cuir, broderies, passementeries, l’esprit 80’s est présent sur des silhouettes alliant un soupçon d’androgynie à des carrures bien marquées. Les vestes, éléments incontournables de la garde robe Balmain sont une fois de plus parfaitement maitrisées. Coupes nettes et précises, cols smoking épurés, à la frontière du minimal ; ils deviennent bandes graphiques inspirées par les coupes des kimonos traditionnels japonais. Autre élément phare de la collection, la ceinture smoking, revisitée en cuir, tel un obi version rock’n’roll se porte taille haute et souligne vestes et manteaux de façon radicale et élégante.

© Balmain

Enfin, l’univers du sport et de la Street Culture qui a envahit les podiums depuis plusieurs saisons est présent par touches, dans des pantalons larges à pinces ultra confortables ou encore des pièces d’Outerwear telles une incroyable et généreuse doudoune revisitées à col smoking !

© Balmain

Want it – coup de cœur de la collection, le manteau ¾ en laine grise à col smoking kimono ceinturé d’un obi en cuir matelassé – on adore !

© Balmain

Vendredi 18 Janvier – Kris Van Assche

« Borders, Sport and Frontiers », c’est par ces quelques mots que pourrait se définir la collection Automne Hiver 2013 proposée par Kris Van Assche. L’univers du Sportswear, cher au créateur d’origine flamande dès ses premières collections, se mêle et s’enchevêtre de façon radicale avec celui d’un Tailoring coupé au cordeau qui a fait la réputation du styliste. Contraste des styles et des matières, les molletons des sweatshirts de campus américain s’invitent de façon inattendue sur des silhouettes business. Associations improbables d’éléments disparates d’une garde-robe, on ne sait pas si le pull devint chemise ou si la chemise devient sweater, mais en tout cas on sait que cela fonctionne !

Histoire de deux univers que tout oppose, c’est un peu la dualité de l’homme contemporain qu’expose Kris Van Assche, celui d’un homme, à la frontière entre deux âges, sortie de sa vie adolescente, mené malgré lui vers un vestiaire plus conventionnel, conservant cependant en son fort des éléments qui lui sont chers et qui définissent sa personnalité.

Au-delà de l’analyse purement psychologique du vestiaire masculin, Kris Van Assche crée des chocs esthétiques, « Rough, Tough N’ Rugged » annonce-t-il dès le début du défilé ; et réfléchit à la fonction même du vêtement. A mi-chemin entre deux univers, les vestes mi costume, mi sweater ne sont ni totalement des vêtements formels, ni réellement des pièces pouvant être portées sur les greens des terrains de sport, mais forment, mixées ainsi, une belle définition de la complexité de notre société contemporaine. Perte des valeurs ou perte de repères - le pantalon de jogging est réalisé en flanelle de laine et se porte avec des derbys, le pantalon de costume se porte quant à lui avec des sneakers, et quant enfin, on se laisse prendre au jeu d’une silhouette presque classique composée d’une très belle veste cintrée deux boutons portée sur un pantalon cigarette, on aperçoit quelques instants plus tard, l’élément perturbateur, la fine cravate aux couleurs d’un club de sport américain - « Rough, Tough N’ Rugged ».