Magie de la
Mode oblige, c’est en plein cœur de l’hiver, recouverte de neige et baignant
dans des températures quasi Scandinaves, que Paris a donné rendez-vous au monde entier pour l’un de ses
spectacles les plus féeriques de l’année – la
semaine de la Haute-Couture. Semaine, que dis-je, quatre petits jours à
peine durant lesquels maisons emblématiques d’un certain style français, mais
aussi jeunes créateurs (de plus en plus) ont montrés au monde ce qu’ils savaient
faire de mieux. Dizaines d’heures de
travail, centaines d’heures de broderies, milliers, voire dizaines de
milliers d’euros à débourser par tenue, cercle de clientèle le plus fermé au
monde, la semaine de la Haute Couture est celle de tous les superlatifs et c’est
sans doute cela que nous aimons. Que nous aimons et que nous défendons. Tradition française, parisienne depuis
l’ancêtre de tout couturier, Charles Frederick Worth, la Couture, terme
tristement banalisé depuis, prend alors tout son sens. Dépouillée d’un certain poids, la Haute Couture pour le Printemps Eté
2013 conserve toute sa richesse, mais la dévoile de façon plus subtile, plus
légère, plus aérienne. Femmes fleurs, délicates vestales ou encore
silhouettes graphiques, minimales, presque irréelles, tour d’horizon de ce que
Paris nous a offert de plus beau !
Légèreté, tel pourrait être le maître mot de ces collections. Laissant
de coté le bling un peu désuet de certaines griffes italiennes défilant (on ne
sait pas trop pourquoi d’ailleurs) à Paris, ou bien les voyages oniriques
bercés de folklores lointains pour lesquels certains créateurs ont facilement
succombés, et regardons plutôt cette effervescence de délicatesse et de fraîcheur
qui a inondée les salons poudrés de la couture parisienne. Mousseline la plus délicate, gazar de soie le plus léger, broderies les
plus fines et les plus délicates, c’est au jeu du luxe le plus discret
qu’on joué la plus part des créateurs parisiens. Loin de toute ostentation mal
placée, le luxe s’apprécie dans ses détails et sa modernité.
Pureté quasi virginale chez Christophe Josse, la blancheur d’une
blouse de communiante délicatement brodée en ton sur ton se porte sur une jupe
en plissé permanent coordonnée pour une mariée discrètement élégante. Et quand
le noir fait son apparition pour le soir, les mètres de tulle du jupon sont
soulignés d’une fine ceinture et d’un col Claudine graphique, l’épaule
délicatement recouverte d’un voile de soie transparente, les broderies
parsemées telle une discrète galaxie nocturne, et se portent forcément à plat
pour une soirée d’été dont on devine déjà la douceur de l’air.
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© Christophe Josse - Haute Couture PE/13 |
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© Christophe Josse - Haute Couture PE/13 |
Légèreté féérique également chez
le prince de la Couture – Elie Saab.
Les riches broderies, les plus belles
dentelles au monde sont toujours présentes, mais plus discrètes. Portées
telles des secondes peaux, elles
habillent délicatement les corps dans un jeu subtil de voilé-dévoilé,
supprimant le volume pour ne plus se concentrer que sur la ligne.
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© Elie Saab - Haute Couture PE/13 |
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© Elie Saab - Haute Couture PE/13 |
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© Elie Saab - Haute Couture PE/13 |
Chez Valentino, le talentueux duo de créateurs Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli a une nouvelle fois
réussit le pari de réinventer l’héritage
de la plus Parisienne des Maison de Couture Italiennes. Ensembles de jour veste et jupe
longueur genoux en soie crème aux courbes en volutes légères, robes de
cérémonie manches longues en gazar de soie transparent brodé plumetis, ou
encore robes longues néo empire ne conservant de leur illustres ancêtres qu’un
bustier schématisé et un jeu de longueur et de transparence toute moderne.
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
Certains
créateurs ont travaillé l’idée de légèreté jusqu’à l’emmener à son extrême épure et ne plus se concentrer que sur la ligne. Coup de crayon gris sur
vélin blanc, celui-ci prend vie et s’anime pour n’habiller les plus élégantes
femmes du monde que d’une silhouette affinée à son paroxysme.
Chez Christian Dior, le nouveau Directeur
Artistique Maison, Raf Simons, propose
une vision ultra minimale des jardins si
chers à Mr Dior. Décor ultra zen alliant le vert du buis taillé au minéral
pur, les silhouettes défilant, telles les
femmes fleurs d’un siècle nouveau, en ont prie tous les codes. Pour son époustouflant final, Raf Simons propose
des modèles grand soir aux lignes simplement sublimes. Véritables fleurs renversées, les robes, généreusement ouvertes sur le
bas formant de volumineuses néo crinolines, se terminent en des bustiers
filiformes allongeant délicatement les
silhouettes à l’infini.
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© Christian Dior - Haute Couture PE/13 |
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© Christian Dior - Haute Couture PE/13 |
Plus radical sans doute, influencée de
façon certaine par l’univers des
Technologies de pointe, la jeune mais néanmoins talentueuse créatrice
Hollandaise Iris Van Herpen, imagine
pour sa collection intitulée
« Voltage » des silhouettes pour le moins électriques. Épure des lignes que l’on pourrait
penser inspirées des croquis de Mr Dior, ces versions d’un New Look 3.0 n’en conservent que la ligne, pure et géométrique. Cuir, métal ou encore pvc, ces
modèles proches d’une certaine forme
d’Art-A-Porter, véritables sculptures de métal, luxueux origamis, subliment la simplicité des lignes par leurs chimériques complexités.
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© Iris Van Herpen - Haute Couture PE/13 |
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© Iris Van Herpen - Haute Couture PE/13 |
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© Iris Van Herpen - Haute Couture PE/13 |
Minimalisme de salon poussé à son paroxysme,
Maria
Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli nous ont fait avec le merveilleux défilé Valentino le plus bel exemple d’une vision contemporaine de la Couture. Loin des clichés extravaguant
d’une autre époque, la ligne l’emporte
sur l’ornementation outrageuse. Inspirés sans doute par les préceptes de l’architecte Mies
van der Rohe ayant donné l’une des plus pertinentes définitions du Design
« Less is more », les
robes de jour ou de soir se simplifient jusqu’à l’essence de leur fonction –
habiller et sublimer le corps de la femme. Lignes pures, courbes féminines,
légèreté des matériaux, quelque fois soulignées d’une délicate broderie, les
silhouettes se radicalisent pour se centrer sur l’essence même de leur
fonction. Coup de cœur absolu pour
les superbes robes capes en version jour
ou soir – rêve immatériel, les silhouettes semblent tout droit sorties d’un
imaginaire visionnaire.
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
A l’antithèse de la vision d’une certaine
épure, celle d’une exubérante
explosion florale a également été très présente sur les podiums parisiens.
Broderies, sequins, couleurs, tons-sur-tons, arabesques, volumes 3D et format
XL, la thématique florale chère aux collections printanières a été de tous les
défilés et même des plus minimalistes.
Ainsi Raf Simons a proposé sa vision des
célèbres fleurs de Monsieur Dior. Modernes, presque futuristes, portées au
format XL sur l’intérieur de vestes symboles du Tailoring masculin, elles
en tapissent les doublures telles une vision radicale et absolue du luxe pour
soi. Portées en all over, vision postimpressioniste
des roses du jardin de Granville, ou en apparitions inattendues
délicatement écloses d’une fente de robe ou d’une doublure, elles inondent les
traînes et s’invitent sur les bustiers.
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© Christian Dior - Haute Couture PE/13 |
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© Christian Dior - Haute Couture PE/13 |
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© Christian Dior - Haute Couture PE/13 |
Pour la Maison Chanel, Karl Lagerfeld a imaginé un décor
de forêt tropical pour accueillir ses bouquets de femmes aux airs faussement
angéliques. Maquillages gotiques noircissant les regards, la légèreté des
tweeds n’y fait rien, les silhouettes de robes
fourreaux rebrodées en trompe l’œil all over de sequins aux motifs floraux
donnent une impression presque suffocantes de femmes à la beauté dangereusement vénéneuse.
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© Chanel - Haute Couture PE/13 |
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© Chanel - Haute Couture PE/13 |
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© Chanel - Haute Couture PE/13 |
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© Chanel - Haute Couture PE/13 |
Chez Giambattista Valli, la fleur est tout. Omniprésente d’un
bout à l’autre du défilé, elle se porte dans sa version brodé, XL et tridimensionnelle. En collier, en couronnes ou
en minutieuses et délicates broderies recouvrant chaque millimètres des robes
de cérémonies quelques fois elles-mêmes composées de mètres de guipure au motif
floral, elles prennent une dose de légèreté en jouant sur le contraste de la
transparence à l’aide de délicats voiles de gaze terminant les silhouettes, et
les allongeant de quelques centimètres certaines tenues parfois
vertigineusement courtes, mais aussi à l’aide de lignes volontairement simples
et modernes ne dénaturant pas le message véhiculé.
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE/13 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE/13 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE/13 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE/13 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE/13 |
Explosion de fleurs tridimensionnelles chez
Elie Saab, les broderies, parmi les plus incroyables, sculptent les robes
et leur donnent une force qui contraste avec les formes volontairement simples
afin d’alléger les silhouettes.
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© Elie Saab - Haute Couture PE/13 |
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© Elie Saab - Haute Couture PE/13 |
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© Elie Saab - Haute Couture PE/13 |
Enfin, arabesques graphiques s’enroulant à
l’infini chez Valentino, guipures
format XL, ou encore pétales de mousselines aux rainures brodées de fils
d’or, visions épurées de la thématique florale, elles opposent leurs lignes
exubérantes avec des coupes volontaires simples et pures pour les robes
qu’elles habillent. Un sans faute absolu
pour le duo Maria Grazia Chiuri et Pier
Paolo Piccioli, ayant signé sans
conteste le plus beau défilé de cette saison. Alliance
subtile et délicate de féminité extrême, de virtuosité dans l’utilisation du
savoir-faire exceptionnel des meilleurs ateliers d’artisanat d’art, et de
modernité infini dans les coupes, toutes les éloges sont méritées pour cet opus
brillant d’élégante perfection.
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
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© Valentino - Haute Couture PE/13 |
Bulle merveilleuse hors du temps et hors de
toute notion de « raison », la Haute Couture Parisienne met toujours
l’art et l’artisanat au cœur de son processus créatif. Loin des excès
baroques de certaines époques, la Haute Couture a su évoluer avec son temps,
proposant des modèles en adéquation avec notre époque et nos modes de vie
contemporains. D’ailleurs, élément qu’il est important de noter, l’attitude des
défilés Haute-Couture a lui même évolué. Jadis dans le paraître, les robes, cette
saison, même Grand Soir ont toutes des poches, détail qui pourrait être
insignifiant, sauf si les mannequins ne défilaient pas les mains dedans,
modèles d’une moderne et subtile nonchalance. Réservée certes à une élite, la
Haute Couture est sans doute ce que le monde de la Mode, entouré du savoir-faire
inimitable et précieux de centaines de « petites mains », sait faire
de plus beau. Acmé du raffinement de
notre société, la Haute Couture est un art fragile et délicat qu’il est crucial
de préserver et de mettre en valeur. D’ailleurs, cette saison, la maison Givenchy n’a pas présenté de collection
Haute Couture sans en donner de raison précise. Espérons que cela ne soit
qu’une simple parenthèse et que Ricardo Tisci,
entouré des équipes du studio de création perpétue dès la saison prochaine
cette tradition chère à la célèbre maison de l’avenue Georges V.
A.
1ère visite sur ton blog: j'adore les photos du défilé de Dior et Elie Saab!!!
RépondreSupprimerhttp://la-petite-vie-de-marie.blogspot.fr/
Bonsoir Marie, merci beaucoup pour ce très gentil commentaire. Ravi d'apprendre que notre blog que te plais. Félicitations pour ton blog également. A très bientôt.
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