Paris Fashion Week – Collections Femme – Nos coups de cœur !
Après une première journée de défilés, dédiée aux jeunes
créateurs, très remarquée qui a mit en place le vocabulaire d’une saison sous le signe de la légèreté
et de l’épure, place aux maisons parisienne et à leur vision de la mode
pour le printemps été 2014.
Guy Laroche
Cela fait déjà plusieurs saisons
que nous suivons le travail remarquable du styliste Marcel Marongiupour la
maison Guy Laroche, et une fois de plus nous n’avons pas été déçu par cette
très belle collection printemps été 2014. Show épuré par le vent de
minimalisme qui court sur les collections,
les codes Marongiu pour Laroche sont présents, mais en version plus
« clean », jouant avant tout sur les volumes et les effets de
matières.
Les
codes couleurs chers au styliste sont présents, déclinant les silhouettes en
monochromes noir,
blanc, gris, poudre avec des touches d’or pour
apporter de la lumière dans un vestiaire aux notes sourdes. Mais si les
couleurs se font discrètes, c’est pour mieux faire place à la ligne ; point d’orgue de la collection. Jeux de volumes,
généreux, les vestes se font hoodie ou
bombers couture sur des bases de néoprène (pièce indispensable dans toute
garde-robe dès la saison hiver), les zips sortent des vestiaires de sport pour
venir sur les podiums, et les jupes raccourcissent à vu d’œil pour devenir
patineuses (non mesdemoiselles, vous n’y échapperez pas), avec des effets de
godets et de basques asymétriques.
Pour le jour, des pantalons noirs tailles hautes à double
pince, des chemises en popeline blanche à plastron boutonné (autre pièce
phare des gardes robes), des combinaisons graphiques, le tout porté avec des trenchs impeccablement coupés,
amples pour donner de l’aisance mais marqués à la taille afin de toujours
dessiner la silhouette – perfection. Pour le soir, place aux tops en peaux
précieuses, au poudre et au vert acide, les robes cocktails jouent sur les
trompes l’œil et les effets de plissés et de construction – on adore.
Parenthèse gold aux références ethno chic au cœur d’une Fashion
Week marquée par un minimalisme ambiant, le défilé Dries Van Noten, toujours l’un des plus attendu de la semaine
parisienne, n’a une fois de plus pas déçu les spectateurs du monde de la mode. Mur recouvert de feuilles d’or servant
d’écrin feutré à une collection se devinant riche en surprises, le cultissime
groupe Radiohead assurait l’ambiance
sonore – spectacle garanti.
Fidèle à ses sources d’inspirations depuis ses débuts et faisant fi
des diktats imposés, le créateur belge évoque en clins d’œil ses multiples
influences, allant de la peinture
flamande, à l’orientalisme en passant par le folklore andalou, avec ce don unique de savoir les mixer savamment,
par petites doses pour créer des silhouettes simples et complexes à la fois,
racontant une histoire, toujours identique et toujours différente.
Les matières, comme toujours chez Dries Van Noten sont d’une richesse inouïe -
cotons froissés, brocarts light, macramés modernisés, délicates mailles frangées, raphias ajourés et cirés, plissés lamés,
soies gaufrées… Les ruchés dorés en
guirlandes s’enroulent sur des jupes droites et sont cassées par des
mailles amples s’inspirant de l’univers du sportswear. Les motifs d’inspiration
péruvienne contrastent avec des matériaux plus sobres, les vestes s’inspirent des kimonos aux volumes généreux. L’or
présent dans le décor et cher au créateur Anversois, s’invite également dans la
collection par touches sur des vestons en cuir ou encore sur des bijoux aux notes ethniques insufflant un
vent d’ailleurs sur des silhouettes plus urbaines. Plus
qu’un défilé, c’est une ambiance, un état d’esprit, un voyage auquel nous
invite comme à chaque saison, celui qui sera pour toujours l’un de nos créateur
favori.
Après une seconde journée de
Fashion Week riche en événements, les créateurs Peachoo Datwani, d’origine indienne, et Roy Krejberg, né au Danemark, fondateurs de la griffe Peachoo + Krejberg, ont clôturé en
délicatesse le calendrier officiel en donnant rendez-vous au Palais de Tokyo pour présenter leur
collection printemps été 2014. Décor brut jouant sur l’obscurité des sols gris
contrastant avec la lumière intense d’un écran blanc servant de fond, les codes
de la collection sont lancés. Épure de
la ligne se résumant en un I, la femme Peachoo Krejberg, longiligne, se dessine
tel un trait de pinceau japonais - rapide, concis mais toujours élégant.
Fidèles à leur travail, ils se
plaisent toujours à croiser références, styles et codes pour créer une histoire,
dont le point de mire se focalise sur l’architecture
du vêtement. Ainsi pour cette saison, la
référence à l’univers nippon est palpable. Robes foulant le sol, pantalons
amples, portés sous des vestes longues à col châle, jeux de superpositions,
l’esprit kimono n’est pas loin. Véritable
pièce maitresse de la collection, la veste a subi un incroyable travail de
recherche, construite, déconstruite, reconstruite, un modèle nouveau, presque
hybride, sans manche, à col cranté contrasté voit le jour et habille les
silhouettes d’une aura à la féminité
stricte et délicate tout au long du défilé.
Alliance subtile du Ying et du
yang propre aux cultures asiatiques, les opposés se rencontrent, s’attirent
sans pour autant se mélanger. Ainsi les
silhouettes, monochromes noir ou crème, se rejoignent rarement, sauf par
quelques détails discrets. Noir profond en total look cuir, crème étincelant en
all over sequins, gris perlé parfois pour dynamiser une garde robe aux couleurs
sobres, laissant les devants de la scène
à la rigueur et à la complexité de la coupe ; l’harmonie entre les
formes et les tissus, l’aspect technologique mélangé à certaines techniques
artisanales, signent une fois de plus les collections Peachoo + Krejberg,
transformant ce manifeste minimaliste en invitation onirique et pure au pays du
soleil levant.
Second opus signé Alexander Wang pour Balenciaga, ou le styliste
new-yorkais d’origine taïwanaise a délivré un sans faute pour la maison
parisienne. Respectant les codes mis en place par Cristobal Balenciaga puis développés et modernisés par Nicolas Ghesquière à la tête de la
direction artistique pendant plus de dix ans ; les volumes et la forme
« œuf » dessinent pour l’été prochain des silhouettes aux proportions
plus contemporaines. Après une collection hiver placée sous le signe du noir
dominant, illuminé de pointes de blanc, jouant sur les textures et les
contrastes des effets marbrées (qui a d’ailleurs fortement marquée une partie
des collections présentées à New York, Londres et Paris), Alexander inverse les proportions et fait honneur au blanc.
Blanc optique sur des robes chemises
à plastrons aux lignes pures, blanc transparent sur des robes cocktails en
organza faussement virginal jouant sur les longueurs, blanc nacré sur des blouses
à l’esprit kimono over size, ou encore perfecto couture en cuir blanc découpé
au lazer, la plus immatérielle des couleurs est traitée dans ses différents
aspects pour une collection maitrisée,
ne laissant aucune place au superflu pour se concentrer sur la ligne et le
travail des coupes. Un grand bravo !
Au cœur de cette Fashion Week
Parisienne marquée par un minimalisme parfois excessif, chaque collection
jouant les couleurs, osant une certaine pointe d’exubérance, un grain de folie
est une véritable bouffée d’oxygène
colorée. Manish Arora, le
créateur indien le plus reconnu de la scène mode, dont nous suivons avec bonheur
le travail chaque saison, a réinventé
une fois de plus un vestiaire hybride, à mi chemin entre lignes
occidentales et références à la culture traditionnelle indienne.
Imprimés graphiques travaillés en
all over ou en détail soulignant des robes, des jupes croisées ou des vestes
sans manches à l’esprit parka ; les gammes de couleur, pop et acidulées
conjuguent intelligemment des silhouettes sagement contemporaines. Loin d’une
certaine « improbabilité » que l’on pouvait reprocher au créateur
Manish Arora il y a encore peu, le
styliste indien a épuré dans la veine minimale ses silhouettes pour ne se
concentrer que sur la ligne et le travail de graphisme géométrique, inspiré
par l’œuvre du peintre Vasarely.
Influences sport et contemporain
sur des t-shirt en jersey, outerwear
très chic composé de vestes/sweats aux détails coutures, mixés avec des
jupes courtes effet cache-cœur reprenant les codes d’un sari ultra moderne. Le sac à dos, néo It bag de l’année 2014,
habille certains looks et accentue d’avantage encore les références à l’univers
de sport, incontournable des collections printemps/été 2014.
Enfin, quel choix plus judicieux
que celui de la plus indienne des chanteuses britannique, M.I.A pour faire
vibrer le Palais de Tokyo de ses notes électro pop se mixant à merveille avec une collection électrique et haute en
couleur.
Givenchy
Il est une chose qui ne trompe pas ;
lorsque un défilé s’ouvre sur un premier look fort qui marque les esprits, tel
un bon présage, il annonce une collection qui ne passera pas inaperçue. Ainsi,
dans la lignée de l’incroyable défilé
homme printemps-été 2014 qui nous avait enchanté, Riccardo Tisci a dessiné pour la femme Givenchy, une collection
métissée et colorée, inspirée des différentes cultures que l’on a pu
retrouver au fil des années dans le travail du créateur italien. Japon graphique, presque guerrier,
symbolisé par la couleur rouge, Afrique
rêvée, sensuelle, toute en courbes et en féminité, contrastant avec les
détails de coupe quasiment anguleux rappelant les guerriers masaïs ou bien des
samouraïs contemporains.
Jeux
complexes de tressés et de drapés sur des jersey fluides dans des nuances
de bruns, d’ocres et de kakis, sangles aux références fétichistes qui signent
de façon très couture de nombreuses silhouettes, ou encore explosion de
couleurs sur des modèles brodés en paillettes all over ; Riccardo Tisci
accompagné de la très discrète mais néanmoins influente conseillère artistique Carine Roitfeld, signent à quatre
mains, une collection printemps été 2014 époustouflante.
Et pour compléter ce tableau déjà brillant, la make-up artiste Pat McGrath a
imaginé pour cette collection un masque spectaculaire entièrement fait de
sequins, posés délicatement un à un sur la peau des modèles. Ainsi, près de 12
heures de patience et de travail ont nécessité chacun des mannequins. Rappelant
autant par leur coté exceptionnel les rites tribaux africains que les masques
du théâtre Kabuki japonais, ils finissent de créer le lien entre les
différentes références culturelle de cette collection riche et inspirée.
Voyage dans le temps et dans
l’espace chez Valentino
en ce dernier jour de Fashion Week, ou les mannequins, cheveux tirés,
queue-de-cheval longue et lisse, images de madones
contemporaines, portent toutes une même coiffe de cuir clouté, leur donnant
l’allure altière des sages icônes Renaissance.
Effet sans doute volontaire, « stimulé
par une visite accomplie dans les ateliers de l'opéra de Rome" par le
duo de créateurs Maria Grazia Chiuri
et Pier Paolo Piccioli qui ont su reprendre avec talent depuis 2008
la plus parisienne des maisons romaines.
Reines de jour aux atours richement brodés, les silhouettes tout droit sorties de
tapisseries Renaissance version 2.0 associent le noir comme toile de
fond, au pourpre, au violet cardinal, au vert profond, au turquoise et au rose
intense et aux ocres ensoleillés. Maria Grazia et Pier Paolo nous invitent à un
voyage au cœur des traditions
siciliennes parsemé de notes colorées et acidulées ayant traversées
l’Atlantique après un long périple le
long de la Cordillère des Andes.
Faussement sage, la femme Valentino n’en a
sans doute que l’image ; vêtue de robes de jour ou de soir jouant sur la transparence des dentelles et
des résilles, ainsi que sur les longueurs, arrivant quelques fois aux
chevilles d’autres fois à mi-cuisse. Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli
privilégient le détail des motifs d’inspiration ethnique pour
créer la surprise de cette
collection printemps été 2014. Véritable
conjugaison estivale autour de l’alphabet stylistique cher au duo italien,
les volumes, les capes, les lignes légères et généreuses qui ont fait de
chacune des collections signées par les deux créateurs un véritable succès, les
motifs floraux ou géométriques, abstraits pour la plus part, nous ont éblouis
par leur couleurs chatoyantes et la justesse des associations de couleurs et de
matière et en font sans doute, l’une, voir la plus belle collection de cette Fashion
Week Parisienne. Un grand bravo !
Je suis amoureuse du travail de Manish Arora. C'est gai, différent tout en restant subtil. Une magnifique union de différentes influences et PORTABLE, ce qui est rare.
Bonjour Stelda, merci pour ton commentaire et ton avis que je partage tout à fait. Manish Arora a le bon goût de nous apporter la dose de couleurs, d'énergie et finalement d'originalité qui manque parfois cruellement durant la semaine des défilés.
Je suis amoureuse du travail de Manish Arora. C'est gai, différent tout en restant subtil. Une magnifique union de différentes influences et PORTABLE, ce qui est rare.
RépondreSupprimerBonjour Stelda, merci pour ton commentaire et ton avis que je partage tout à fait. Manish Arora a le bon goût de nous apporter la dose de couleurs, d'énergie et finalement d'originalité qui manque parfois cruellement durant la semaine des défilés.
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