Plus grande métropole de l’état d’Israël, doucement lovée le long de la côte Méditerranéenne, Tel Aviv est sans conteste la vitrine éclectique et moderne de ce tout jeune état qui fait couler tant d’encre. Loin des conflits qui en ont bien souvent marqués l’histoire, loin de toute idée de politique, une nouvelle génération à la créativité débridée a réussit à faire de cette cité balnéaire l’une des destinations les plus festives et les plus en vogue du moment. Mer azur, sable fin, liberté de mœurs, nuits électriques, tels sont les ingrédients qui ont fait le succès de Tel Aviv, faisant d’elle une bulle d’oxygène au cœur du Moyen Orient. A mi-chemin entre tradition Orientale, et Modernité Occidentale, Tel Aviv surfe sur toutes les vagues. Inaugurant en novembre dernier sa première Fashion Week, parrainée par le couturier italien Roberto Cavalli, elle fut un véritable évènement mode, attirant l’attention des journalistes, magasines et bloggeurs du monde entier. Et pour couvrir cet événement et vous faire découvrir cette toute autre face de Tel Aviv, qui de mieux qu’un jeune homme très « Garçon au Foulard », qui nous raconte au travers d’une journée exceptionnelle, sa ville, ses bons plans, ses coups de cœur. Artiste, styliste photo, Visual Merchandiser ou encore écrivain à ses heures, passionné de mode et de voyage, Rafael Art est un touche-à-tout de talent à l’image de sa ville, et fait, sans conteste, partie intégrante de cette jeune génération qui fait battre le cœur de Tel Aviv. Mais, nous en avons déjà trop dit, éclipsons nous et laissons place à la Tel Aviv de Rafael Art.
Tel Aviv |
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« Parfois, alors que les jours s’allongent, comme une histoire sans fin, aujourd'hui ressemble en tout point à la veille; parfois, alors que le soleil oriental tombe goutte à goutte sur mon front comme s’il essayait de me rappeler que même si je suis à Tel-Aviv, la ville qui ne dort jamais, je vis dans un pays minuscule qui n’a toujours pas décidé de son avenir. Parfois, quand les jours comme ceux-ci se suivent, je perds toute inspiration et tout désir de créer. Quand soudain, un moment magique, un instant que tout artiste connaît sans doute. J'allume la radio au moment précis ou passe Stairway to Heaven de Led Zeppelin, premier album que j'ai acheté de ma vie. J'ouvre le journal et tombe sur un article à propos de Vincent Van Gogh et sa "Nuit étoilée" qui colore mes yeux de jaune et de bleu. Je feuillète le dernier numéro du Vogue français et passe par toutes les œuvres de photographes de légende. Moment de grâce.
© Rafael Art |
La vie à Tel-Aviv est un mélange du stress habituel du Moyen-Orient et de la liberté de la ville la plus ouverte de cette région du monde. Styliste, window designer, ayant voyagé souvent et travaillé en Europe, je peux vous assurer que la vie à Tel-Aviv pour un jeune homme qui deal avec la Mode est incroyable. Laissez-moi vous emporter une nuit avec moi, une nuit passée, avec un jeune styliste de 25 ans, qui veut juste créer dans un mode artistique et pacifique.
© Rafael Art |
Nous allons commencer cette délicieuse soirée au restaurant du très en vue "Montefiore Hotel». L’établissement, boutique hôtel, situé dans la rue du même nom, est installé dans une ancienne maison particulière des années 20 au cœur de la « Ville Blanche » de Tel Aviv connue notamment pour son architecture Bauhaus.
© Hotel Montefiore |
Dès mon entrée, Hagi, le responsable, vient à moi, me débarrasse de mon manteau, me laissant le temps de découvrir l'élégant bar noir et crème, le plancher et les murs, me rappelant indéniablement les cadres nostalgiques des années 1920.
Hagi me demande où j’aimerais m’installer, je lui réponds aussitôt : «Là, où un homme aimerait déguster une coupe de champagne accompagné de sa cigarette". Hagi me sourit et me conduit dans une autre pièce dont les murs sont tapissés de centaines de livres rangés sur des étagères en bois. Un lustre étonnant pend du plafond. Sourire. La bibliothèque fait partie intégrante du restaurant, mieux encore elle en est le fumoir. Au menu, fusion Food alliant saveurs orientales, asiatiques et européennes.
© Hotel Montefiore |
Une coupe de champagne accompagné de pain doux et chaud avec du beurre plus tard, je comprends que ce dîner va être inoubliable.
Pour commencer, une salade d'endives, délicieuse alchimie de Roquefort, de noix caramélisées, de poires et d’endives ; mélange de goûts, sucrés et salés, me conduit avec légèreté au plat suivant.
Hagi ensuite apporte ensuite quelques délicieux Nems accompagnés d’une étonnante sauce aigre-douce. Le plat me laisse un insaisissable goût sucré-piquant en bouche.
Je continue avec un filet de bœuf qui arrive bleu accompagné d’une sauce au citron qui le rend bien plus intéressant, tel une explosion de saveurs. La viande est accompagnée d’une polenta à base de maïs, de crème, de beurre, de vin blanc et de champignons. Parfait.
Puis, Hagi nous sert le désert : un doux Limoncello à base de crème fouettée et de citron. Merveilleusement estival, ce dessert au milieu de l'hiver me rappelle que dans une heure, je dois assister à l'événement le plus attendu du moment : la première Fashion Week de Tel Aviv !
Je remet mon manteau et j’attrape un taxi, à la radio, Freddy entonne Show must go on. Yeah.
La Fashion Week de Tel-Aviv se déroule à la Tahana / la Station, ancienne gare ferroviaire reconvertie, située dans le nouveau quartier In du Sud de Tel Aviv, Neve Tsedek. Les ruelles qui courent entre les maisons de pierre rénovées, sont pleines de yuppies et cafés branchés.
J’arrive à la gare, l'endroit est bondé. Veste de smoking noir agrémentée de quelques plumes sur les épaules, jeans skinny en cuir et mocassins en velours noir, me voici fin prêt et dès mon arrivée, je rencontre Tal Berman, la responsable de l'organisation de cette semaine de la mode, et qui nous installe au premier rang. Tal, comme le reste du personnel, est bénévole pour cet événement. Peut-être est-ce cela qui explique l'atmosphère enthousiaste que tout le monde ressent pour cette première édition de la Fashion Week de Tel Aviv : comme une petite famille qui veut tout faire pour jouer dans la cour de récréation des caïds de l’industrie.
«Nous avons de nombreux journalistes et bloggeurs qui sont venu de l'étranger et qui ont payé leurs billets et leurs hôtels, juste pour faire partie de l'événement ". Malheureusement, la plus grande star de la semaine n'est pas israélienne. Quelques indices: Paillettes, Imprimés et Jet Set : Roberto Cavalli est la star de la semaine. La médiatisation faite autour de sa présence est incroyable et a permit de mettre cet événement en avant dans le monde entier, mais a aussi un peu volé la vedette de talentueux et ambitieux jeunes créateurs de Tel Aviv.
© Roberto Cavalli |
Tels Yaniv Parsi, qui a fait une collection totalement noire avec des détails inspirés de ses deux derniers maitres : Alber Elbaz et John Galliano. I
Ishtar, traduisant sa mode empreinte de folklorisme au travers de tissus vintage et de motifs tribaux. Les mannequins défilant nus pied, les têtes ceintes de bijoux, sur un dégradé de couleurs allant des poudres au sable.
© Ishtar |
Ou encore la magnifique collection d'été d'Alon Livne, grand vainqueur de la version israélienne de « Project Runway » mais qui a aussi fait ses preuves auprès d’Alexander McQueen ou Roberto Cavalli. Esprit Romantique, alliant dentelles victoriennes, plumes, satin et découpes modernes.
© Alon Livne |
Même si elle est plus petite que celles de Paris ou de Londres, même si les collections ont été sans doute moins dramatiques, moins grandioses, il y avait quelque chose de magique dans l'air de Tel Aviv. L'odeur d'une nouvelle génération, préférant le crépitement des flashs à celle d’une triste austérité ; qui se tourne vers un prochain avenir plutôt que vers un lointain passé. Et comme Anna le dit d’ailleurs si bien « La mode ce n’est pas regarder en arrière, c’est toujours aller de l’avant ! ».
Il est presque 23 heures et la soirée ne fait que de commencer !
Mes amis et moi décidons de nous rendre au «Zizi», un club underground, qui fête ce soir là l’anniversaire de la PAG. La "PAG" est née il y a 8 ans dans une petite boîte de nuit de Tel Aviv, sur l’initiative de deux photographes visionnaires, Eitan Tal et Roy Raz, qui voulaient apporter à Tel Aviv, la folie de Berlin, la musique électro de New York et la mode de Paris. Et c’est sans doute chose faite, la PAG est devenue au fil des années, l’une des soirées les plus branchées de Tel Aviv.
© PAG |
© PAG |
© PAG |
C’est d’ailleurs ici que ce croise tout ce petit monde de la mode en effervescence ; stylistes, mannequins, tenues spectaculaires et beaux garçons. Vers deux heures du matin, l’un de mes morceaux favoris passe What else is there? De Royksopp. L’alcool, l’énergie engendrée par cet évènement, les tenues extravagantes, la pénombre du club, tout ces jeunes gens dansant, tout cela mélangé dans une belle harmonie, me rappelle toute comme la chanson de Led Zeppelin et les toiles de Van Gogh, que nous sommes ici pour créer. Nous sommes ici pour faire du mieux que nous pouvons dans cette courte vie. Parce qu'en plus de notre art, en plus de nos âmes, «What else is there»?... »
Rafael Art pour Les Garçons aux Foulards
C'est une journée de rêve que tu nous décris là ! Le repas au Montefiore, pfioulala, quel délice (au moins pour les papilles de mon cerveau).
RépondreSupprimerTel Aviv me paraît ressembler à Berlin, la ville qui te donne l'impression que tout est possible et où création rime avec passion.
Sau qu'à Tel Aviv, on peut finir la nuit sur la plage et regarder le soleil se lever.
alors comme ça on va à Tel Aviv ah bah d'accord c'est la grande classe ça :)
RépondreSupprimerJournée idyllique pour une ville sans doute idyllique, mais ce n'est pas moi mesdemoiselles qui le raconte, c'est notre envoyé spécial au Foulard, le jeune et talentueux artiste Rafael Art qui y vit et y travaille! ;-)
RépondreSupprimerVenez vivre d'autres journées idylliques avec nous !
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