La nouvelle est tombée tel un
couperet ce jeudi matin ; le couturier français Jean-Louis Scherrer est
mort à l’âge 78 ans dans une clinique parisienne. La vie passe
inexorablement me répondrez-vous et même les plus brillants créatifs et
artistes de leur temps n’y échappent pas. C’est certain ; et ce n’est sans
doute pas la fatalité de l’existence qui m’a choqué lorsque j’ai appris comme
certains d’entre vous la nouvelle ; mais plutôt l’étonnante trajectoire
d’une carrière projetant quelqu’un sous les feux médiatiques avant de le
replonger dans une certaine forme d’oubli.
© Jean-Louis Scherrer |
En effet, le nom de Jean-Louis
Scherrer n’est inconnu de personne. Plus de trente ans après que le monde de la
mode lui ai décerné le Dé d’Or en 1980
pour la modernité de ses silhouettes, plus personne, à l’exception de ses
proches bien sur, ne connaissait réellement l’existence de cet homme qui aura
marqué par son style la seconde partie du 20ème siècle. Parfums, licences en tout genre proposant pléthore
d’accessoires dérivés ; le nom perdure malgré l’arrêt officiel de la
maison en 2008 et la perte de contrôle de celle-ci au début des années 90
par son fondateur qui sera une première dans cette industrie naissante.
© Jean-Louis Scherrer |
Mais oublions ces
considérations financières qui gâchent bien souvent l’univers créatif de la
mode de leur considération purement économiques, pour rendre hommage et retracer en quelques lignes l’œuvre d’un créateur
talentueux et finalement assez méconnu.
Né au cœur des années 30 dans la modernité d’une famille
s’intéressant à l’univers de la psychiatrie, Jean-Louis Scherrer se
prédestinait à devenir danseur, passion qui le bercera durant toute son enfance
et qui le conduira jusqu’au Conservatoire national de Paris avant d'interrompre
brutalement une prometteuse carrière à la suite d'un accident. Il poursuivra
cependant sa quête de la beauté par
le biais d’un autre support : la
mode !
© Jean-Louis Scherrer |
Diplômé de la Chambre syndicale de la couture durant les
années 1950, il fera ses classes au sein des ateliers de Christian Dior - «J'étais là pour apprendre (…). Une technique
remarquable qui m'a servi toute ma vie.» À la mort de celui-ci, Jean-Louis
Scherrer poursuivra son apprentissage aux côtés de son successeur, Yves
Saint Laurent, avant de s'engager trois années aux côtés du couturier Louis Féraud.
© Jean-Louis Scherrer |
Passionné par les voyages, et par l’énergie créatrice
qu’il en puise, il fondera enfin sa
maison de couture en 1962, rue du Faubourg Saint Honoré et défilera pour la
première fois dans une cave parisienne, séduisant presse spécialisée et riches
clientes. Un succès qui ne se démentira pas avec les années propulsant
rapidement le jeune créateur sur les devants d’une scène mode en pleine
effervescence.
© Jean-Louis Scherrer |
Ouverture
d’une véritable maison en 1971 au cœur de l’avenue Montaigne, puis
sacre en 1980 avec la plus prestigieuse récompense pour un créateur qui lui
voit enfin la possibilité d’arborer le titre de Haute Couture, Jean-Louis Scherrer aura habillé les plus belles et
les plus élégantes femmes de son époque : de Claudia Cardinale, à la reine
Noor de Jordanie en passant par Jacky Kennedy, toutes ont succombés à ce chic
structuré, cette élégance à la française qui auront fait sa signature jusqu’à
l’arrêt de son travail en tant que styliste de sa maison en 1992.
© Jean-Louis Scherrer |
Après cela, un lent et terrible oubli du grand public qui
ne se souviendra que très peu des flamboyantes créations signées Scherer qui
marquèrent par leur style les années 80 ; jusqu’en ce jour de juin 2013 ou
une bien mauvaise nouvelle, refit surgir dans nos mémoires la féminité de son œuvre.
Au
revoir Mr Scherrer.
A.
Un grand merci pour cet article!
RépondreSupprimerJe me suis empressée d'aller faire un tour sur les archives de l'Officiel pour revoir ses créations...
Bonsoir Jacinthe, un grand merci à toi pour ce commentaire. Ravi que l'article t'ai plu et qu'il t'ai permit de te replonger dans mille jolis souvenirs Mode! Je t'avouerai que j'ai fait de même lorsque j'ai appris cette triste nouvelle!
SupprimerJean Louis Scherrer pour moi ce sera toujours le parfum entêtant de ma tante auquel elle a toujours été fidèle.
RépondreSupprimerLe plus bel hommage sera de continuer à penser à lui chaque fois que je la verrais.
Et pour votre tante de toujours continuer à porter ce parfum! ;-)
SupprimerC'est drôle, j'ai écrit un article également et sans avoir lu le votre, je mettais aussi en avant la tristesse de ce parcours entre gloire et oubli...
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce bel hommage.
Merci Stelda pour ce commentaire. Cela me semblait assez logique ce point de vue. C'est le seul auquel j'ai pensé lorsque j'ai appris cette nouvelle. Etrange la vie, un jour sous les feux de la rampe, le lendemain dans l'oubli, et le business qui a malgré tout récuperé ton nom pour des licence alors que tout le monde à oublié l'homme... Cela me laisse pensif...
SupprimerNice blog posst
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