lundi 9 juin 2014

Rihanna Icône du Style ? Vraiment ?



Restons sur les tapis rouges et quittons la côte française pour de plus lointaines contrées. Direction New York ou se tenait il y a quelques petits jours la cérémonie de récompenses annuelle du CFDA (Council of Fashion Designers of America). Récompensant personnalités de la mode qui auront marquées l’année de leur talent, de leur audace (ou de leur carnet d’adresse hein). Inutiles de passer sur les divers prix de la soirée, tous plus ou moins attendus ou inintéressants ; concentrons nous plutôt sur le seul événement marquant de ce grand raout – la robe transparente portée par Rihanna ce soir là. Plus provocante que jamais, la belle Barbadienne (mais pas toujours élégante loin de là), a dévoilé l’ensemble de ses courbes (parfaites), ne cachant rien, à l’exception des quelques centimètre de lycra chair de son shorty.

© Rihanna au CFDA en robe Adam Selman

Apothéose stylistique pour certains,  vulgarité absolue pour d’autres, nombreux ont été les messages qui nous ont été envoyés pour que nous commentions (sans doute de façon incendiaire) la tenue de miss Riri. Il nous aura fallu quelques petits jours de réflexion tout de même pour avoir un avis définitif sur cet événement, l’étourderie d’un avis à chaud n’ayant pas toujours un intérêt décisif.
Il faut dire que, cette fois encore, l’interprète d’Umbrella, plus connu ses derniers temps pour ses photos sexy (non, carrément vulgaire) dans le magasine masculin Lui que pour ses prouesses musicales, n’y est pas allée de main morte ! (Dé)Vêtues d’une robe fourreau entièrement composée de cristaux Swarovski scintillants, signée par le créateur Adam Selman (travaillant notamment pour les costumes de scène de Lady Gaga et de Gwen Stefani). Impossible de ne pas souligner le travail incroyable qu’a nécessité cette création ; pas moins de 230 000 cristaux Swarovski brodés main. « Les couturières étaient encore dessus à 15 heures le jour-même »  a confié le créateur.

Transparente au sens littéral du terme, celle-ci laissait peu de place à l’imagination et à la suggestion, dévoilant sans trop de mal ses courbes généreuses et surtout une poitrine et un tatouage affolant que la très puritaine Amérique  ne saurait accepter. Car au final le vrai soucis n’étant pas tant la nudité de Rihanna, qui clairement ne nous choque pas (le corps humain est magnifique, et il est bien dommage de le cacher de plus en plus), mais c’est plutôt la perception  de celle-ci dans la société et les médias. La robe en elle même est superbe, fourreau rose pâle digne des plus belles heures d’un Gatsby le Magnifique de légende, un petit quelque chose à la Joséphine Baker (qui rappelons le, sortait parfois dans des tenues bien moins couvertes à La Coupole dans les années 20 et personne ne trouvait rien à redire.
© Rihanna au CFDA en robe Adam Selman

En revanche, ce n’est pas pour autant que Rihanna était élégante ; loin de là… Celle-ci ne s’achètera jamais, peu importe la notoriété et/ou les moyens financiers. Ainsi pour compléter le look, un boa en fourrure rose pâle venait se poser sur ses bras nu, cachant dans un jeu de voilé/dévoilé la fourrure de la belle par la fourrure animale… Personnellement j’ai toujours trouvé ce type de métaphore filée stylistique d’assez mauvais goût… Quant au foulard de strass noué sur la tête, il nous rappelle avec bien peu de délicatesse, que finalement miss Riri aura toujours d’avantage un côté Gangsta Girl des plages de la Barbade plus que de l’élégance désinvolte des héroïnes des années folles...
© Rihanna au CFDA en robe Adam Selman

Et d’ailleurs, ce qui nous a au fond « choqué », ce n’est pas tant la transparence de la tenue que l’inélégance et l’ingratitude de la belle.
En effet, alors que Mrs Wintour débutait son éloge à propos de Rihanna avant de lui remettre le prix d’icône du style de l’année par "L’idée est d’être audacieuse, tout en restant soi-même", la jeune chanteuse, toujours irrévérencieuse, n’a pas hésité à répondre : “Anna Wintour établit les règles, moi je les brise”, brandissant fièrement son trophée ! Bon, c’est déjà assez peu élégant de critiquer indirectement celle qui lui remet son prix, mais en plus quelle prétention et quelle manque de modestie ! « Moi je brise les règles ! »…
© Anna Wintour et Rihanna au CFDA

Bah voyons ! Les règles… mais quelles règles chère Rihanna si ce ne sont celle d’une certaine ingratitude de ne pas même remercier celui sans qui vous ne seriez rien stylistiquement parlant ! Alors oui, pour remercier « toute ma famille », il y a toujours du monde sur les tapis rouge, mais pour dire en revanche la vérité au monde, que comme toute célébrité, ses looks ne lui sont en rien due, mais plutôt, dans son cas, au styliste super star Mel Ottenberg qui travaille avec elle depuis près de 3 ans, et qui choisit chacune de ses silhouettes lors d’apparitions publiques, tout comme cette fameuse robe dont tout le monde ne cesse de parler depuis quelques jours.
© Rihanna et Mel Ottenberg
Quelle hypocrisie tout de même de ne pas remercier ce soir là celui sans qui, ce titre déjà presque vide de signification, l’est encore plus lorsque l’on sait que dans son cas précis, que outre être un joli porte manteau dont on choisit minutieusement les tenues à l’avance, c’est bien tout ce à quoi peu prétendre la jeune chanteuse. De la tenue signée Adam Selman (dont c'est le petit copain - tant qu'à faire, autant faire du business en famille...), à la dernière collaboration sur Tapis rouge avec la créatrice Stella McCartney, à la présence au défilé Dior, en passant même par la très controversée (et très vulgaire) séance de shooting pour le magasine Lui (propriété du quelque fois tout aussi vulgaire Frédéric Beigbeder) dont la carrière musicale de celle-ci aurait pu s’en passer, toutes les collaborations mode (et ceci sans exception n’en déplaise à certains qui pensent encore qu’une star marketée à l’heure du 3.0 décide encore de quelque chose….) de Rihanna sont due au talentueux Mel Ottenberg. Tout comme, il serait bon de le rappeler, Lady Gaga dans son jeune temps avec Nicola Formichetti, sans qui elle n’aurait été rien du tout non plus stylistiquement parlant !...

© Rihanna et Mel Ottenberg au défilé Dior
Ainsi, de notre côté, nous décernons sans doute aucun le CFDA de « l’Icône du Style » à Mel Ottenberg, le CFDA du « Changement de look mémérisant nécessaire » à Anna Wintour, le CFDA de « La prétention ingrate » à Rihanna et le CFDA du « Plus beau coup de comm’ » au créateur Adam Selman (dont clairement, personne ne connaissait encore l’existence !)..
A.

© Rihanna photographiée pour le magasine Lui

2 commentaires:

  1. J'adore votre analyse, très fine et à laquelle j'adhère à 100 %. Elle rejoint d'ailleurs celle de Lise Huret.
    Ce qui est un peu dommage, c'est que dès qu'on critique une provocation gratuite, on est taxé de pruderie. Ca m'énerve! Et je me marre tellement quand on encense "le bon goût", "le sens du style" de certaines stars. C'est pas comme si elles avaient des stylistes talentueux pour leur dire quoi porter ^^.
    C'est très chic de votre part de rendre un hommage à ces stars de l'ombre, sans qui les stars de front row n'auraient même pas une place en standing :)

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    1. Bonsoir Stelda, merci pour ce très gentil commentaire et merci pour ce soutien. Et oui, j'en ai un peu assez de cette hypocrisie ambiante autour des looks de star! Il n'y en a pas une (ou presque) qui sache coordonner un top et une jupe, alors franchement sur tapis rouge!.... Crions haut et fort un grand bravo au travail des stylistes (certains du moins) sans qui effectivement, elles n'auraient même pas une place en standing au plus petit défilé!.... ;-)

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