Restons sur les tapis rouges et quittons la
côte française pour de plus lointaines contrées. Direction New York ou se
tenait il y a quelques petits jours la
cérémonie de récompenses annuelle du CFDA (Council of Fashion Designers of
America). Récompensant personnalités de la mode qui auront marquées l’année de
leur talent, de leur audace (ou de leur carnet d’adresse hein). Inutiles de
passer sur les divers prix de la soirée, tous plus ou moins attendus ou
inintéressants ; concentrons nous plutôt sur le seul événement marquant de ce grand raout – la robe transparente
portée par Rihanna ce soir là. Plus provocante que jamais, la belle Barbadienne
(mais pas toujours élégante loin de là), a dévoilé l’ensemble de ses courbes
(parfaites), ne cachant rien, à l’exception des quelques centimètre de lycra
chair de son shorty.
© Rihanna au CFDA en robe Adam Selman |
Apothéose
stylistique pour certains,
vulgarité absolue pour d’autres, nombreux ont été les messages qui nous ont
été envoyés pour que nous commentions (sans doute de façon incendiaire) la
tenue de miss Riri. Il nous aura fallu quelques petits jours de réflexion tout
de même pour avoir un avis définitif sur cet événement, l’étourderie d’un avis
à chaud n’ayant pas toujours un intérêt décisif.
Il faut dire que, cette fois encore, l’interprète d’Umbrella, plus connu ses derniers temps pour ses
photos sexy (non, carrément vulgaire) dans le magasine masculin Lui que pour ses prouesses
musicales, n’y est pas allée de main morte ! (Dé)Vêtues d’une robe fourreau entièrement composée de cristaux Swarovski
scintillants, signée par le créateur Adam Selman (travaillant notamment
pour les costumes de scène de Lady Gaga et de Gwen Stefani). Impossible de ne
pas souligner le travail incroyable qu’a nécessité cette création ; pas
moins de 230 000 cristaux Swarovski brodés main. « Les couturières étaient encore dessus à 15 heures le
jour-même » a confié le
créateur.
Transparente au sens littéral du terme,
celle-ci laissait peu de place à l’imagination et à la suggestion, dévoilant
sans trop de mal ses courbes généreuses et surtout une poitrine et un tatouage
affolant que la très puritaine Amérique
ne saurait accepter. Car au final le vrai soucis n’étant pas tant la
nudité de Rihanna, qui clairement ne nous choque pas (le corps humain est magnifique,
et il est bien dommage de le cacher de plus en plus), mais c’est plutôt la
perception de celle-ci dans la
société et les médias. La robe en elle
même est superbe, fourreau rose pâle digne des plus belles heures d’un Gatsby
le Magnifique de légende, un petit quelque chose à la Joséphine Baker (qui
rappelons le, sortait parfois dans des tenues bien moins couvertes à La Coupole
dans les années 20 et personne ne trouvait rien à redire.
© Rihanna au CFDA en robe Adam Selman |
En
revanche, ce n’est pas pour autant que Rihanna était élégante ; loin de
là… Celle-ci ne s’achètera jamais, peu importe la notoriété et/ou les moyens
financiers. Ainsi pour compléter le look, un boa en fourrure rose pâle venait se
poser sur ses bras nu, cachant dans un jeu de voilé/dévoilé la fourrure de la
belle par la fourrure animale… Personnellement j’ai toujours trouvé ce type de
métaphore filée stylistique d’assez mauvais goût… Quant au foulard de strass noué
sur la tête, il nous rappelle avec bien peu de délicatesse, que finalement miss
Riri aura toujours d’avantage un côté Gangsta Girl des plages de la Barbade
plus que de l’élégance désinvolte des héroïnes des années folles...
© Rihanna au CFDA en robe Adam Selman |
Et d’ailleurs, ce qui nous a au fond
« choqué », ce n’est pas tant la transparence de la tenue que
l’inélégance et l’ingratitude de la belle.
En effet, alors que Mrs Wintour débutait son
éloge
à propos de Rihanna avant de lui remettre le prix d’icône du style de l’année par "L’idée est d’être audacieuse, tout en restant soi-même", la jeune
chanteuse, toujours irrévérencieuse, n’a pas hésité à répondre : “Anna Wintour établit les règles, moi je les
brise”, brandissant fièrement son trophée ! Bon, c’est déjà assez peu
élégant de critiquer indirectement celle qui lui remet son prix, mais en plus
quelle prétention et quelle manque de modestie ! « Moi je brise les
règles ! »…
© Anna Wintour et Rihanna au CFDA |
Bah voyons ! Les règles… mais quelles
règles chère Rihanna si ce ne sont celle d’une
certaine ingratitude de ne pas même remercier celui sans qui vous ne seriez
rien stylistiquement parlant ! Alors oui, pour remercier « toute
ma famille », il y a toujours du monde sur les tapis rouge, mais pour dire
en revanche la vérité au monde, que comme toute célébrité, ses looks ne lui
sont en rien due, mais plutôt, dans son cas, au styliste super star Mel Ottenberg qui
travaille avec elle depuis près de 3 ans, et qui choisit chacune de ses
silhouettes lors d’apparitions publiques, tout comme cette fameuse robe dont tout le
monde ne cesse de parler depuis quelques jours.
© Rihanna et Mel Ottenberg |
Quelle hypocrisie tout de même de ne pas
remercier ce soir là celui sans qui, ce titre déjà presque vide de
signification, l’est encore plus lorsque l’on sait que dans son cas précis, que
outre être un joli porte manteau dont on
choisit minutieusement les tenues à l’avance, c’est bien tout ce à quoi peu
prétendre la jeune chanteuse. De la tenue signée Adam Selman (dont c'est le petit copain - tant qu'à faire, autant faire du business en famille...), à la dernière collaboration sur Tapis rouge avec
la créatrice Stella McCartney, à la
présence au défilé Dior, en passant
même par la très controversée (et très
vulgaire) séance de shooting pour le magasine Lui (propriété du quelque
fois tout aussi vulgaire Frédéric Beigbeder) dont la carrière musicale de
celle-ci aurait pu s’en passer, toutes les collaborations mode (et ceci sans
exception n’en déplaise à certains qui pensent encore qu’une star marketée à
l’heure du 3.0 décide encore de quelque chose….) de Rihanna sont due au
talentueux Mel Ottenberg. Tout comme, il serait bon de le rappeler, Lady Gaga dans son jeune temps avec Nicola
Formichetti, sans qui elle n’aurait
été rien du tout non plus stylistiquement parlant !...
© Rihanna et Mel Ottenberg au défilé Dior |
Ainsi, de notre
côté, nous décernons sans doute aucun le CFDA de « l’Icône du Style »
à Mel Ottenberg, le CFDA du « Changement de look mémérisant
nécessaire » à Anna Wintour, le CFDA de « La prétention
ingrate » à Rihanna et le CFDA du « Plus beau coup de
comm’ » au créateur Adam Selman (dont clairement, personne ne
connaissait encore l’existence !)..
© Rihanna photographiée pour le magasine Lui |
J'adore votre analyse, très fine et à laquelle j'adhère à 100 %. Elle rejoint d'ailleurs celle de Lise Huret.
RépondreSupprimerCe qui est un peu dommage, c'est que dès qu'on critique une provocation gratuite, on est taxé de pruderie. Ca m'énerve! Et je me marre tellement quand on encense "le bon goût", "le sens du style" de certaines stars. C'est pas comme si elles avaient des stylistes talentueux pour leur dire quoi porter ^^.
C'est très chic de votre part de rendre un hommage à ces stars de l'ombre, sans qui les stars de front row n'auraient même pas une place en standing :)
Bonsoir Stelda, merci pour ce très gentil commentaire et merci pour ce soutien. Et oui, j'en ai un peu assez de cette hypocrisie ambiante autour des looks de star! Il n'y en a pas une (ou presque) qui sache coordonner un top et une jupe, alors franchement sur tapis rouge!.... Crions haut et fort un grand bravo au travail des stylistes (certains du moins) sans qui effectivement, elles n'auraient même pas une place en standing au plus petit défilé!.... ;-)
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