S’il
est une chose qui fait très plaisir lorsque l’on est, comme nous, passionné et
collectionneur de foulard, c’est d’avoir l’occasion de découvrir un nouveau styliste
dont les créations vous font vibrer et attisent votre intérêt ; et quand
en plus vous avez la chance de pouvoir vous entretenir avec l’instigateur d’un
tel projet et de l’interviewer c’est une véritable délectation! Et c’est
d’ailleurs ce qu’il s’est passé avec la jeune
griffe parisienne de foulards Mermi, et son fondateur éponyme Philippe Mermi. Découverte au fil de nos
pérégrinations parisiennes, déjà présent au Bon Marché, nous sommes tombés sous le charme des couleurs éclatantes et des subtiles
références à un monde doucement suranné, à jamais perdu, mis en avant par certaines
des collections de la jeune marque. Séries intitulées Bords de mer aux noms évocateurs Trouville, Biarritz,
Quimper, La Baule…. Je t’aime ou
encore Icônes ; autant de jolies madeleines de Proust qui nous entrainent au coeur d’un voyage aux multiples facettes. Tout l'esprit
d'une dolce vita à la française avec ces carrés imaginés à partir de
photographies vintage prisent au temps des trente glorieuses. Des instantanés de petits bonheurs simples,
plein d'humour, qui font écho à nos souvenirs d’enfance.
Mais avant de trop en dire, laissons place au
créateur Philippe Mermi, instigateur de ce nouveau projet graphique et coloré,
lauréat du prix de la mode 2012, organisé par la Mairie de Paris, qui s’est
prêté volontiers au jeu de l’interview:
Les Garçons aux Foulards : Diplômé de l’école
des Beaux-Arts, une carrière dans l’univers de l’Edition et du Web, votre
parcours personnel et professionnel est des plus riches, pourriez vous nous en
dire un peu plus quant à son évolution?
Philippe Mermi : Graphiste de métier, j’ai
commencé dans la création de sites internet pour des supports divers liés à
l’univers de la mode, du luxe, de l’architecture, développant ainsi une
certaine sensibilité au produit mais aussi aux différents aspects marketing
d’une entreprise qui m’étaient étrangers auparavant et m’ont permit d’appréhender
plus facilement l’expérience de la création d’entreprise et surtout de m’y
essayer.
GAF : Assez loin des débuts de vore carrière,
comment s’est faite votre arrivée dans l’univers de la Mode et pourquoi avoir
choisit de créer une collection de foulards?
PM : J’ai toujours a eu d’une certaine façon un
pied dans l’univers de la mode au travers des différents clients avec lesquels
j’ai travaillé. L’idée s’est faîte avec la volonté de changer d’univers et de
développer ma propre marque, de m’exprimer pleinement également en tant que
graphiste; de mettre en avant mes goûts, mon amour du beau, du travail bien
fait, de la couleur. Pour ce qui est de foulards, c’était une évidence, je les
ai toujours aimés et portés.
GAF : Sports, scènes de bords de mers aux
noms évocateurs des vacances de notre enfance ou encore couples rétro, comment
choisissez vous les images que vous mettez en avant sur vos foulards?
PM : Ce sont essentiellement des images anciennes
que je chine au fil de mes promenades parisiennes entre brocantes et boutiques
spécialisées dans l’univers de la photographie, notamment au coeur du Haut
Marais. Passionné et collectionneur de vieilles photos, j’aime beaucoup leur
coté presque “kitch”, un peu désuet et je me suis dit de certaines images qu’il
serait sans doute possible de les transformer, les transposer dans le présent;
essayer de faire quelque chose d’un peu plus fun et personnel à partir de ce
matériau qui m’était cher.
© Les Garçons aux Foulards - Mermi SS14 |
© Les Garçons aux Foulards - Mermi SS14 |
© Les Garçons aux Foulards - Mermi SS14 |
GAF : Outre ces belles photographies, la
série Icône reprend des images tout droit sorties de l’iconographie religieuse,
détournées à grand coups de couleurs pop – pourquoi ce choix étonnant?
PM : Parce que j’adore ça tout simplement, je
trouvais cela intéressant de travailler sur ces images très belles; sans aucun
but religieux bien sur, ni l’intention de choquer le pulic ou les personnes
croyantes, juste la volonté de confronter ces pièces d’art classique avec des
couleurs très pop; créer le contraste, faire mouche auprès de la personne qui
va le découvrir et sans doute le porter.
© Les Garçons aux Foulards - Mermi SS14 |
© Alfredo Salazar - Mermi SS14 |
GAF : Mélanges audacieux de styles et de
couleurs, vous semblez avoir fait des codes pop et gaphiques votre signature
stylistique, voulant réveiller peut-être un produit souvent consideré comme
“classique”?
PM : On a déjà tellement fait autour de ce
produit dans le passé, entre formes, couleurs, motifs et matériaux; ne pas
oublier non plus que l’on s’attaque à l’un des codes bourgeois par excellence.
J’essaye de remettre le foulard au coeur de la tendance, d’en faire quelque
chose de décalé et de différent; d’apporter une pointe de nouveauté qui fasse évoluer
la perception du foulard et de sa clientèle aussi! D'ailleurs, le Bon Marché Rive Gauche, qui a sans doute le plus beau bar à foulard de la capitale, à choisit de distribuer en exclusivité quelques modèles de la collection.
GAF : Matériaux nobles, fabrication
lyonnaise, pourriez vous nous en dire un peu plus sur l’aspect production de
vos collections?
PM : Déclinés en bandanas, carrés ou étoles,
tous les modèles de la collection sont en twill de soie ou en voile de
cachemire ou de soie et modal pour les grandes étoles. Roulotés main pour ceux
qui le nécessitent, de fabrication française et italienne, j’ai essayé de
collaborer avec les meilleurs acteurs du secteur de la soie, des ateliers
lyonnais pour le travail traditionnel du twill, à la vallée de Côme en Italie
ou se trouvent les ateliers et les artisans spécialisés dans la confection de
foulards en lainage. Après, il est certain que contrairement à un Hermès ou à
tout autre grande maison
spécialisée dans les foulards, les volumes de production pour une jeune marque
débutante sont forcèment plus petits et demandent donc en permanence une
certaine capacité à jongler entre réalité commerciale et réalité de production
– un vrai challenge.
GAF : Votre dernière collection “C’est si
bon” avec ses messages XXL
intrigue, pourriez vous nous en dire quelques mots ?
PM : L’idée initiale était de réaliser des
foulards à partir de photos érotiques anciennes, mais, je dois l’avouer, il est
bien difficle de trouver des images élégantes qui puissent jouer subtilement
sur ce registre sans tomber dans un côté un peu trop “olé-olé”. Ainsi est venu l’idée des messages aux
consonnances parfois sexy, parfois amusantes, sorte de synthèse graphique et
idéographique de ses photos suggerées, laissant libre court à l’interpretation
de chacun – “c’est trop”, “oh oui”, “j’ai chaud”, “c’est si bon” prenant des
significations parfois diamétralement différentes selon la personne qui va le
porter ou qui va lire le message. L’idée du message était aussi de transformer
le foulard en un “objet” que l’on peut porter également comme un vetêment en
“soie”, une sorte de t-shirt à message nouvelle génération.
© Les Garçons aux Foulards - Mermi SS14 |
© Alfredo Salazar - Mermi SS14 |
GAF : Un coup de coeur, un modèle qui vous
est particulièrement cher?
PM : Sans doute le couple de bord de mer du modèle Bandol, avec cette photographie en noir et
blanc encadrée de vert acide que j’aime beaucoup, tout comme Justin, le cycliste en camaieux de gris
et de corail de la série Sport.
© "Bandol" - Mermi SS14 |
© "Justin" - Mermi SS14 |
GAF : Enfin, pourriez vous nous donner un
indice quant aux inspirations de votre prochaine collection?
PM : Des nuances un peu plus sombres, plus
hivernales autour des gris, j’aimerais aussi beaucoup développer des accesoires
en laine, plus chauds et sans doute définir une collection 100% masculine.
A
la croisée des savoirs faire traditionnels et des techniques contemporaines,
les collections Mermi s’inventent chaque saison depuis près de deux ans. Des
méthodes d’impression numérique les plus récentes associées aux photographies
vintages servant de base aux carrés aériens et écharpes vaporeuses; Philippe
Mermi, leur créateur passionné, prouve que derrière les voiles de soie, laine
ou modal, peut se cacher parfois un esprit canaille, sexy et décalé. Couleurs
flamboyantes et pop, graphismes élégants et interjections joyeuses, un souffle
de légèreté flotte dans l’air et n’attend que de nous habiller d’une pointe d’excentricité
colorée. Un seul mot d’ordre pourrait résumer la saison : Have
Fun !!!!!
A.
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