Après deux semaines de défilés
hommes, dont les silhouettes vacillaient de l’improbable à l’ennui mortel, quel bonheur de découvrir les nouvelles
collections Haute Couture. Minutie, savoir-faire, exception, autant de mots qui
viennent à l’esprit pour décrire cette parenthèse de luxe portée à son paroxysme
et qui rappellent à chaque fois pourquoi, l’univers de la Mode, lorsqu’il est
respecté, fait vibrer. Loin des expérimentations conceptuelles de stylistes
en quête de nouveauté perpétuelle, il est bon parfois de rappeler que la Mode
sert avant tout à vêtir et à mettre en valeur la personne qui la porte ;
et la Haute Couture, symbole parisien
par excellence, apporte ce supplément d’âme qui lui est propre et qui fait tant
rêver. Exercice un peu désuet diront certains ; la vérité est tout
autre lorsque l’on voit la vitalité du calendrier des défilés et la quantité de
maisons qui recommencent à proposer des collections Haute Couture et les
créateurs qui se sont fait connaître à travers le monde, développant un carnet
d’adresse de clientes de plus en plus nombreuses (et de plus en plus riche), en
recherche permanente d’excellence. Ainsi, français ou européens, jeunes
designers ou maisons plus institutionnelles, voyage au cœur du Beau.
Giambattista Valli
Quel plaisir de retrouver saison
après saison, défilé après défilé, les collections du merveilleux Giambattista
Valli. Ôde absolue à la féminité, son
travail pourrait servir à lui seul de définition au mot « Couture ». Utilisation des matériaux les plus
nobles, les dentelles côtoient les guipures, les failles de soie concurrencent
les satins duchesse, alors que l’art de la broderie vient souligner par touches
des robes dont les lignes suffisent déjà à parfaire la silhouette des clientes
les plus exigeantes. Vestiaire Couture mais indéniablement contemporain,
composé pour la journée de robes corolles à manches, dont le volume des jupes
est basculé vers l’arrière pour plus de légèreté.
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE14 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE14 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE14 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE14 |
A l’heure du cocktail, les plus
intrépides arborent des robes bustier aux jupes nœuds époustouflantes, les plus
sages opteront pour des robes trois trous dont les ceintures tailles haute en
satin noir font un clin d’œil aux smokings masculins ; enfin, pour le
soir, les volumes se rallongent, la silhouette devenant sculpturale.
Association parfaite du blanc pur, souligné de noir, laissant le bleu cobalt ou
le rouge rubis des broderies exulter. Un véritable sans faute stylistique.
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE14 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE14 |
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© Giambattista Valli - Haute Couture PE14 |
Valentino
C’est à un merveilleux voyage dans
le temps et dans l’espace que nous invitent Maria Grazia Chiuri et Pier Paolo Piccioli,
duo stylistique de talent qui dessine à quatre mains les collections de la plus
parisienne des maisons romaines. Incursion
au cœur de l’âge d’or des royaumes et des cités états de la Renaissance Italienne,
à une période ou le costume féminin vacillaient entre une sobriété encore toute
médiévale et une féminité prête à éclore. Ainsi, les lignes, sages de prime
abord, presque austères font rapidement place à une vision de la mode, mais
aussi par extension de la vie, plus en retenue.
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© Valentino - Haute Couture PE14 |
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© Valentino - Haute Couture PE14 |
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© Valentino - Haute Couture PE14 |
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© Valentino - Haute Couture PE14 |
Longueurs au sol, épaules et
bras recouverts de capes en mousselines ou en dentelles à motif vitrail,
l’apparente sagesse des formes, laisse rapidement place au jeu de la
transparence. Transparence des mousselines laissant deviner les courbes d’un
sein, transparence des dentelles soulignant les épaules ou les dos largement
dévoilés, la femme Valentino s’accapare au travers du vêtement l’altière
élégance des figures médiévales, la force des héroïnes Borgiennes dont elle est
la digne héritière. Tanto
Dramatica !
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© Valentino - Haute Couture PE14 |
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© Valentino - Haute Couture PE14 |
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© Valentino - Haute Couture PE14 |
Versace
Une fois n’est pas coutume, la
blonde peroxydée la plus célèbre d’Italie aura livrée une collection féminine
et déchargée des codes souvent trop ambigus qui lui sont familiers. Loin des
excès de sexualité qui transpiraient lors de ses défilés, des références à
l’univers du bondage ou du SM, parfois à la limite du mauvais goût, Donatella
Versace s’est débarrassée du superflus, pour se concentrer sur la ligne et nous
disons oui ! Silhouettes
longilignes, féminité exacerbée au travers de jeux de drapés complexes
parfaitement maitrisés, soulignant les courbes, chevauchant les corps de
l’épaule jusqu’à la chute de la robe.
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© Versace - Haute Couture PE14 |
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© Versace - Haute Couture PE14 |
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© Versace - Haute Couture PE14 |
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© Versace - Haute Couture PE14 |
Contraste des soies fluides et des
ceintures corsets dessinant les tailles, et structurant les silhouettes, la
femme Versace, Vestale contemporaine, s’enroule de précieuses étoffes brodées
au tomber parfait. Travail remarquable associant la brillance des sequins posés
délicatement à la main et l’aspect presque mât des soies, on distingue les jeux
de transparences présents dans le dos des robes, découvrant subtilement
quelques centimètres volés de peau. Douceur et délicatesse des pastels faisant
écho à la carnation de la peau, dynamisées de touches chatoyantes, presque
sanguines rappelant indéniablement que la griffe à la Gorgone est née en terre
de feu et défend la vision d’un style raffiné, indéniablement solaire.
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© Versace - Haute Couture PE14 |
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© Versace - Haute Couture PE14 |
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© Versace - Haute Couture PE14 |
Alexandre Vauthier
Maître incontesté d’une certaine vision du Glamour, Alexandre Vauthier
dessine ses collections pour des femmes belles, fortes, puissantes et sûres
d’elles. Car il faut bien qu’elles soient au moins un peu de tout cela pour
porter les incroyables tenues de franges noires jouant sur les transparences,
dévoilant petit à petit le corps, hypnotisant celui qui regarde le mouvement
continu des celles-ci, se balançant de part et d’autre du corps au fil du
déhanché ; ou encore les mini robes bustier en cuir entrelacé. Force
presque animale qui se dégage d’un cuir couleur sang porté avec une clutch
coordonnée en crocodile vernis – remarquable !
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© Alexandre Vauthier - Haute Couture PE14 |
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© Alexandre Vauthier - Haute Couture PE14 |
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© Alexandre Vauthier - Haute Couture PE14 |
Quand enfin, un peu plus
sage, Alexandre Vauthier travaille le noir, couleur qui lui est chère, il le
souligne toujours d’or, par touches ou par vagues ; or brillant ou mât,
traité sur des colliers XXL ou des détails, des finitions pour apporter une pointe
de lumière au cœur de la nuit de ses futures clientes. Nuit éclairée
incontestablement par le talent de celui qui a réussit l’exploit de se faire un
nom dans cet univers ultra concurrentielle, à échelle planétaire, en moins de
dix ans, en débutant par l’exercice le plus éminent, le plus remarquable, mais
aussi le plus onéreux de l’univers de la mode – la Haute Couture !
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© Alexandre Vauthier - Haute Couture PE14 |
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© Alexandre Vauthier - Haute Couture PE14 |
Etonnante remarque que je viens
de me faire après ce rapide passage en revue des quelques défilés qui nous ont
marqués cette saison, et dont les collections sont toutes signées d’un V….
Versace, Valli, Valentino, Vauthier… étonnant clin d’œil du destin qui nous
indique sans doute la Voie d’une
certaine Vérité ou plus certainement
d’une incroyable Virtuosité Vénérant les Valeurs d’une Vision du
beau. Verdict : Vibrant !
A.
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